Gaël (Faye) et ses failles

Artiste complet, le Franco-Rwandais Gaël Faye connaît autant de succès en tant que musicien qu'en tant qu'écrivain. Il sera sur la scène de la Belle électrique vendredi 16 novembre, en mode musicien donc.


« Mon arrivée en France il y a bien longtemps, depuis que je crois plus en l'Onu, depuis que je crois plus en l'Otan. » Avec Pili pili sur un croissant au beurre, son premier album sorti en 2013, disque de rap qui, dans sa diversité musicale, ne ressemblait à aucun autre, Gaël Faye, moins rappeur que « virevolteur de mots pleins d'amertume », dessinait les contours tranchants du déchirement. Celui d'un enfant franco-rwandais poussé au Burundi ayant dû quitter en famille le pays natal en 1995 à cause d'une tragédie humaine, la guerre civile au Burundi et le génocide rwandais. Celui d'un gamin atterri en banlieue parisienne avec ce que cela comporte de déracinement et implique de capacités d'adaptation  (« la France est l'asile, l'absence est l'exil » clamait-t-il). Et bien sûr la vie qui reprend parce qu'il faut bien.

Cette histoire, Gaël Faye l'a contée autrement dans son roman Petit Pays (2016) qui a agi comme une claque littéraire et rafla quelques prix dont le Goncourt des Lycéens et le Prix du premier roman. Mais l'écrivain n'a pas supplanté le musicien, les deux ne faisant qu'un depuis le début. Et Gaël Faye a récemment élargi ses horizons musicaux sur deux EP (Rythmes et botanique, sur lequel on retrouve le maître des slammeurs Saul Williams, et Des fleurs, où l'on trouve un duo avec Flavia Coehlo), où l'on s'aperçoit qu'entre Bujumbura et Paris, il y a un monde. Le monde. Et toutes ses musiques.

Gaël Faye + Barry Moore
À la Belle électrique vendredi 16 novembre à 20h


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