Un Festival international de théâtre action « pour avoir un regard sur le monde »

Et revoici le Fita dont la neuvième édition se déroulera du mercredi 14 au samedi 24 novembre dans divers lieux de Grenoble et de l'agglo. Avec, comme à chaque fois, un florilège de spectacles militants (huit cette année) que Laurent Poncelet, metteur en scène de la compagnie Ophélia Théâtre qui pilote l'événement, nous présente.


« On compte encore rassembler autour de questions contemporaines, sociales, politiques, économiques » : voilà comment Laurent Poncelet, directeur du Fita (Festival international de théâtre action), décrit l'événement qu'il porte depuis neuf éditions. « Je me suis inspiré d'un concept venu à l'origine de Belgique : un festival qui parlait de questions contemporaines en mettant essentiellement en avant des créations collectives. On l'a transformé un peu, en partant de l'idée que si une thématique forte est traitée, peu importe le genre concerné, un texte d'auteur par exemple, on pourra inclure la pièce à la programmation. »

Et cette année, les spectacles, joués par des compagnies françaises comme internationales « pour avoir un regard sur le monde, l'objectif étant de voir des choses qu'on ne voit pas d'habitude », tournent autour « du témoignage ». Des témoignages qui peuvent à la fois être autobiographiques comme dans Ma vie en prison, « spectacle prévu au Théâtre 145 le vendredi 23 novembre dans lequel un détenu devenu comédien raconte son histoire », comme basés sur le récit de plusieurs personnes. « Sans laisser de traces, qui se jouera le mercredi 14 novembre à l'Espace 600, a été créé à partir de témoignages d'habitants de Calais, d'exilés, de passeurs… Le comédien Rachid Bouali et le multi-instrumentiste Nicolas Ducron parviennent à nous embarquer d'une histoire à une autre avec humour et poésie. »

« Il faut que le théâtre interagisse avec les habitants »

Les spectacles qu'il a programmés, Laurent Poncelet pourrait en parler des heures. Comme On a fort mal dormi, à voir à l'Espace 600 le samedi 17 novembre, d'après l'ouvrage Les Naufragés écrit par le psychanalyste Patrick Declerck parti analyser le quotidien de sans-abris pendant quinze ans. « Par un jeu subtil,  drôle et percutant,  le comédien Jean-Christophe Quenon nous emmène avec lui dans le monde des SDF, qui n'est pas sans violence. »

Autre forme de violences, celle des carcans de la culture et de la filiation évoquée dans Braises qui sera donné vendredi 16 novembre à l'Espace 600 et vendredi 23 novembre au Jeu de Paume de Vizille. « C'est un spectacle d'une force inouïe sur la thématique du droit des femmes au sein d'une famille maghrébine. Avec une mise en scène au cordeau et une dimension encore une fois très engagée. »

Des spectacles engagés donc, pour une démarche militante sur laquelle le festival a bâti sa réputation. Ce qui se ressent dans les relations qu'il entretient avec la sphère associative. Car depuis la création du festival, l'équipe se félicite d'une chose : « avoir réussi à développer un réseau fort de 70 partenaires » et, par ce biais, organiser des rencontres entre les compagnies et les habitants. « L'idée est de toucher les plus fragilisés, les plus marginalisés. Car l'une des volontés du Fita est que ces personnes aient envie de venir au théâtre. Pour cela, en plus d'insister sur l'exigence artistique de la programmation, il faut que le théâtre interagisse avec ces habitants. »

Fita 2018
À l'Espace 600, au Théâtre 145, à l'Espace Aragon (Villard-Bonnot), au Jeu de Paume (Vizille) et à l'Espace Paul-Jargot (Crolles) du mercredi 14 au samedi 24 novembre


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