Floraison funèbre par Joseph Caprio


Le talent d'un photographe est parfois de savoir saisir la présence, dans un environnement particulier, d'un élément qui va permettre de donner à cet environnement une représentation inattendue. Dans la série de photographies que présente Joseph Caprio à la galerie Alter-Art jusqu'au dimanche 25 novembre, cet élément est une bâche en plastique recouvrant les tombes d'un cimetière afin de les protéger de travaux à proximité. Du fait de la présence de cet élément incongru, les couronnes mortuaires et les fleurs (souvent factices) s'évanouissent derrière ce film transparent qui brouille leur présence et notre perception.

Joseph Caprio joue ainsi habilement du rendu photographique ambigu du plastique qui prend tour à tour l'aspect d'un voile léger ou, au contraire, d'une sculpture minérale. Dissimulés derrière cette bâche, les bibelots désuets destinés à orner les pierres tombales plongent alors dans une forme d'évanescence qui semble faire écho au sort des défunts, enfouis sous terre, que notre mémoire oublie peu à peu.


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