(David) Lafore en gueule

Le terme ovni musical, utilisé à toutes les sauces lorsqu'on se retrouve face à un artiste qu'on peine à mettre dans une case, colle pourtant très bien à David Lafore. Pour s'en rendre compte, rendez-vous au Midi / Minuit qui le programme pour cinq soirs.


C'est presque devenu un genre à part entière dans ce qui a émergé il y a fort longtemps sous le vocable un peu fourre-tout de "nouvelle chanson française" que ces petits voyages musico-textuels en absurdie (comme disait Sardou). De Philippe Katerine à Mathieu Boogaerts, de Bertrand Betsch à Albin de la Simone, de Gérald Genty à Aldebert.

C'est bien à cette catégorie de doux fantaisistes, héritiers en plus ou moins droite ligne de Vian, Dutronc et Gainsbourg, tous différents mais qu'une aspiration à la bizarrerie et à l'autodérision comme remède à tous les maux unit, que l'on pourrait rattacher David Lafore. D'autant que, comme certains de ses petits camarades, les concerts de ce caméléon musical virent souvent au happening, le chanteur au regard malicieux poussant régulièrement le bouchon jusqu'au grand n'importe quoi fourré à l'imprévu – il est connu pour ses reprises improvisées allant de Nirvana à Cindy Lauper.

Mais si David Lafore joue les crooner clownesques (comme c'est encore le cas sur Les Cheveux, sorti l'an dernier), il incarne surtout un genre de clown blanc, une sorte de déclinaison de Buster Keaton chez qui l'humour, le pied de nez et la grande gueule déguisée en petite voix, charrient, comme pour la plupart des chanteurs cités plus haut, une insondable mais pudique mélancolie.

David Lafore
Au Midi / Minuit du mardi 27 novembre au samedi 1er décembre à 20h30


<< article précédent
"Nos mémoires vivent" : la mémoire dans la photo