"Pig" : ironie d'Iran

de Mani Haghighi (Irn, 1h48) avec Hasan Ma'juni, Leila Hatami, Leili Rashidi…


Réalisateur iranien en panne de tournage et condamné à la pub, Hassan Kassami en a gros sur l'ego : un tueur en série s'attaque à ses prestigieux confrères, les décapitant après les avoir occis. Hassan en viendrait presque à provoquer le dément pour être rassuré sur son statut…

Cas de conscience, Trois visages, La Permission et maintenant Pig… L'année qui s'achève aura décidément été particulièrement faste du côté du cinéma iranien qui, pour des raisons aisément compréhensibles, se trouve plutôt cantonné dans des formats réalistes – qu'il s'agisse de fictions ou de documentaires. La proposition du réalisateur Mani Haghighi tranche, si l'on ose, avec la tonalité habituelle qui prend le drame et la politique au pied de la lettre, en affichant une bouffonnerie horrifique sur des sujets ne prêtant pas à rire. Et il y en a foison : des ukases du régime condamnant au chômage les artistes avec lesquels ils sont en délicatesse (coucou, Jafar Panahi) au terrorisme pseudo-fondamentaliste en passant par la critique des fausses gloires ou des jalousies envenimant le milieu artistique – un hommage tortueux au conceptuel Close up de Kiarostami avec des morceaux de Makhmalbaf dedans ?

Avec son héros aigri, ventru, pas franchement sympathique et de surcroît doté d'une vieille mère acariâtre habile à la carabine, son buddy frappadingue, ses séquences oniriques écarlates et foutraques, son mauvais goût gore, ses grosses blagues en costumes et son générique très autonome, le film d'Haghighi évoque davantage l'univers déjanté de ce joyeux malade d'Álex de la Iglesia que l'introspection persane. À coup sûr perturbant pour les apôtres de l'orthodoxie, réjouissant pour les autres.


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