Marie Roche : « La danse est un langage universel »

Depuis septembre 2016, le Pacifique, lieu grenoblois dédié à la danse, est dirigé par Marie Roche. On l'a rencontrée pour faire un rapide bilan après deux ans et quelques mois d'exercice.


« Je suis arrivée avec un projet qui était principalement d'ouvrir ce lieu au public et de le faire connaître. C'est un grand défi, ça prend du temps, mais on l'a réussi en partie je pense : beaucoup de gens d'horizons très divers viennent aujourd'hui au Pacifique. » Deux ans et quelques mois après sa prise de fonction à la tête de ce centre de développement chorégraphique national créé à Grenoble par la chorégraphe Christiane Blaise, Marie Roche semble satisfaite. Notamment des nombreux partenariats tissés avec différentes structures de l'agglo (la Rampe, l'Hexagone, la Cinémathèque…), dont deux avec lesquelles elles collaborent régulièrement : le Centre chorégraphique national de Grenoble (CCN2) dirigé par Yoann Bourgeois et Rachid Ouramdane et le centre d'art le Magasin des horizons piloté par Béatrice Josse. Comme pour montrer que la danse contemporaine est poreuse…

« Il y a souvent des idées reçues sur la danse, du style : c'est pas pour moi, c'est trop compliqué… Alors que c'est l'inverse ! C'est un langage universel commun, beaucoup plus que le théâtre par exemple. On n'a pas besoin d'avoir des connaissances pour apprécier la danse, il suffit d'y aller avec son ressenti. » D'où son envie qu'encore plus de monde vienne au Pacifique et, surtout, connaisse ce navire au fonctionnement assez atypique puisque, contrairement à une salle de diffusion classique, il est dédié à la danse qui se fabrique. « Il y a sans cesse des compagnies en résidence, et souvent, ça aboutit à une présentation publique, voire à des parcours quand on coproduit des pièces. » Mais aussi des cours tant pour les professionnels que les amateurs, et bien sûr quelques pièces en diffusion proposées dans le studio de 100 places – même si ce volet « va être dur à maintenir » financièrement (le budget global de la structure publique est de quelque 600 000 euros, avec six salariés permanents).

« Offrir des espaces de partage et de résistance »

Le public qui franchit la porte de ce bâtiment banal de l'extérieur mais magnifique à l'intérieur (avec deux studios, un grand hall, des bureaux, un appartement pour les artistes…) accepte donc souvent de prendre un risque. « Les compagnies que l'on accueille sont parfois aussi pour nous des découvertes. » D'où la possibilité pour les spectateurs et spectatrices, les bons jours, de découvrir en amont certains futurs talents de demain. Et aussi de voyager dans Grenoble, le Pacifique ayant un important volet de programmation hors de ses murs – « ce sera particulièrement le cas de janvier à juin ». Avec, en tête de pont, le fameux concours dédié à l'émergence (re)connaissance, absent cet automne mais qui reviendra l'an prochain à la Rampe en mode biennale.

Il se passe de nombreuses choses au Pacifique (qui a, pour info, deux artistes associés – Vania Vaneau et Jordi Galí) comme atour de lui. « La question qui se pose à travers toutes ces tentatives est quels nouveaux usages pouvons-nous inventer pour que le rapport à l'art vivant, et particulièrement à la danse, offre des espaces de partage et de résistance face à une atomisation de la société et à une uniformisation de la pensée » (extrait du projet consultable sur le site du Pacifique). Ambitieux.


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