Eténèsh Wassié : l'empire des sens

L'éthio-jazz sera à l'honneur samedi 9 février à la Bobine avec l'une de ses légendes. On vous la présente.


C'est un mélange aux allures de « rêve étrange et pénétrant » comme aurait dit Verlaine, d'abord plutôt malaisant dans ses hérissements mais rapidement envoûtant une fois l'auditeur pris au piège de ce drôle de sortilège. Ce mélange, il est né de la rencontre entre la diva éthiopienne Eténèsh Wassié, impressionnante vocaliste à la voix tout à la fois lugubre et lumineuse, héritière des azmaris (des bardes de tradition éthiopienne), et du bassiste de jazz Mathieu Souriceau dont le jeu et le son particulièrement revêches confinent au punk – on évoque le concernant un spectre musical allant de Charles Mingus à Sonic Youth.

Régulièrement accompagné d'un violoncelle ou d'une contrebasse, les deux ont publié une poignée d'albums (Belo Belo, Yene Alem) où le poème ancestral épouse, dans d'inquiétantes bacchanales mal lunées, les expérimentations les plus sèchement contemporaines. De là naît une sorte de fièvre transportée par les états de transe dans lesquels la chanteuse semble se mettre pour mieux inviter à l'abandon.

Or, c'est bien cet effort qu'il faut faire pour profiter tout à fait de l'ensemble, celui de l'abandon, du lâcher-prise, du plongeon dans des profondeurs où l'on ne voit pas à deux mètres. À ce prix le voyage est, au sens premier du terme, sensationnel.

Eténèsh Wassié + Douar
À la Bobine samedi 9 février à 20h30


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