"Le Chant du loup" : la mort dans les oreilles

de Antonin Baudry (Fr, 1h55) avec François Civil, Omar Sy, Reda Kateb, Mathieu Kassovitz…


L'ouïe hors du commun de Chanteraide lui permet d'identifier grâce à sa signature sonore n'importe quel submersible ou navire furtif. Mais à cause d'une hésitation, l'infaillibilité du marin est remise en cause. Une crise nucléaire sans précédent va pourtant le rendre incontournable…

Scénariste sous le pseudonyme d'Abel Lanzac de la série BD et du film Quai d'Orsay, le diplomate Antonin Baudry change de "corps" mais pas d'état d'esprit en signant ici son premier long-métrage : une nouvelle fois, en effet, c'est une certaine idée du devoir et de la servitude à un absolu qu'il illustre. Les sous-mariniers forment un "tout" dévoué à leur mission, comme le ministre des Affaires étrangères l'était à sa "vision" d'une France transcendée par sa propre geste héroïque dans la BD. 

Mais s'il s'agit de deux formes de huis clos (l'un dans les cabinets dorés du pouvoir, l'autre parmi les hauts fonds), tout oppose cinématographiquement les projets. Le Chant du loup assume l'audace rare dans le paysage hexagonal de conjuguer intrigue de géopolitique-fiction à la façon des romanciers Tom Clancy ou John le Carré et thriller d'action. Comme un mariage entre la réflexion profonde et l'immersion totale, où les enjeux moraux et les défis formels joueraient les témoins.

Chargé jusqu'à la gueule de têtes pour certaines connues (Omar Sy, Reda Kateb, Mathieu Kassovitz...), pour d'autres nucléaires, ce combat naval confirme François Civil parmi les jeunes comédiens avec lesquels il faut impérativement compter. À voir solidement accroché à son fauteuil, les oreilles grandes ouvertes. Claustrophobes s'abstenir.


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