Aurélien Villard (cie des Gentils) : « Baba est quelqu'un qui n'a pas les mêmes codes que nous »

"Les Puces de Baba", c'est le nouveau spectacle de la compagnie des Gentils d'Aurélien Villard. Un solo du comédien et clown Jérémy Buclon dont on a vu quelques prometteurs extraits avant la création début mars à l'Autre rive d'Eybens. Alors interview pour en savoir plus.


Qui est Baba ?

Aurélien Villard : C'est un clown que Jérémy Buclon m'a présenté il y a deux ans, qui m'a beaucoup touché et avec qui on a essayé de communiquer, d'inventer une histoire, un spectacle… Après, je ne le connais pas tant que ça, il est vraiment mystérieux.

On a commencé par une séance d'impro pendant laquelle j'ai tellement été impressionné par ce clown et sa présence que je n'ai pas du tout su quoi lui dire et quoi lui faire faire. J'étais juste spectateur ! Puis on s'est remis à bosser, sans trop savoir où l'on allait…

Je le filmais pendant les impros, pour garder une trace. Et en voyant le visage de Baba en gros plan, avec ce regard émouvant, je me suis dit que ça serait la première image. D'où la présence de la vidéo sur ce spectacle – alors qu'il y a deux ans encore, je disais qu'il n'y aurait jamais de vidéo dans un spectacle des Gentils !

Il y a de la vidéo comme Baba se lance dans la vente en ligne, d'où le titre du spectacle Les Puces de Baba

Avec Jérémy, on voyait tous ces gens qui, sur Internet, se filment en train de faire tout et n'importe quoi, en étant seuls chez eux mais tout de même connectés au monde. On s'est alors dit que Baba essaierait lui aussi de se connecter sur Facebook et tout ça…

Est alors arrivée l'idée des puces pour se débarrasser d'objets, ce qui nous a permis d'interroger la notion de possession, sur pourquoi on garde autant de choses… Une idée qui va bien avec les Gentils vu que spectacle après spectacle, on entasse plein de trucs !

Des extraits que l'on a pu voir, le spectacle semble à la fois drôle et triste…

Je dirais tendre, et oui, extrêmement triste dans le fond, comme Baba est quelqu'un qui n'a pas les mêmes codes que nous, comme un extraterrestre. Même si oui, il y a quelques moments drôles, d'autres grinçants, d'autres horribles…

Car cette histoire de puces est plus un déclencheur : on voulait surtout raconter la solitude et la tentative de créer du lien grâce à ces objets. D'où l'aspect fragmenté du spectacle, comme plein de moments de vie de Baba.

Le spectacle est-il un projet à part de la compagnie ou est-il vraiment estampillé Gentils ?

Le problème, c'est que j'ai l'impression que tous les projets des Gentils sont des projets à part ! Après, c'est sûr que celui-ci est flippant et passionnant parce que ce n'est pas du tout la même façon de travailler que d'habitude, quand je produis une grosse partie de la matière qu'ont les comédiens, notamment les textes.

Là, Baba pourrait improviser pendant des heures – ce que l'on a fait d'ailleurs ! –, et j'ai dû travailler à partir de ça, et ensuite couper, construire… En plus, c'est le premier solo de la compagnie. Ce n'est donc pas La Carriole fantasque de Monsieur Vivaldi comme m'ont dit de le dire pas mal de gens ! Même si sur la thématique, l'esthétique visuelle, on est en plein dans les Gentils.

Les Puces de Baba
À l'Autre rive (Eybens) du mercredi 6 au vendredi 8 mars à 20h
Répétition publique jeudi 28 février à 18h30


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