« L'Isère a une véritable puissance paysagère » (et l'événement Paysage > Paysages le prouve)

Après l'automne et l'hiver, et avant l'été l'an prochain, voici le printemps : pour sa troisième édition, le gros événement départemental Paysage > Paysages se déroulera du 23 mars au 22 juin. Avec toujours l'idée de questionner la notion de paysage grâce à pas mal d'événements artistiques – dont un gros prévu en ouverture samedi 23 et dimanche 24 mars. On débroussaille ça.


« Le paysage est vraiment quelque chose d'omniprésent dans notre région, ce qui n'est pas vrai partout en France. En Isère, il y a une véritable puissance paysagère, autant du côté du système alpin que du système rhodanien. Et le paysage, c'est notre bien commun. C'est un patrimoine gratuit qui permet de s'échapper, de gagner en qualité de vie, en santé public – aller se balader en marchant dans les feuilles mortes, c'est plus utile qu'un psychanalyste ! » Voilà comment Philippe Mouillon, directeur du Laboratoire, structure artistique implantée à Grenoble et spécialisée dans les interventions à échelle urbaine (souvent d'ailleurs loin de Grenoble et de France), explique la genèse de l'entreprise très locale Paysage > Paysages lancée en 2016.

À l'époque, l'homme et son équipe sont partis avec, en tête, deux constats pas très réjouissants. « On s'est dit qu'on ne pouvait pas laisser se faire l'effondrement des écosystèmes sans réagir – ça devient une problématique publique. Je trouve intéressantes, par exemple, les tentatives de mise au tribunal des États pour non-action. Et on ne peut pas laisser les strates sociales s'écarter davantage. » D'où l'idée d'un événement centré sur la nature qui essaime partout dans l'Isère – et surtout dans les territoires ruraux moins dotés culturellement parlant, pour essayer de « toucher le non-public ».

« La culture est essentielle en période de crise sociale »

Une philosophie, construite avec d'autres partenaires (« dès l'origine, on a pensé Paysage > Paysages comme une collégiale, en associant le Musée de Grenoble, la Ligue de protection des oiseaux, la Fédération nationale des alpages, le Musée dauphinois, l'université… »), qui a tout de suite plu au Département de l'Isère. Ce dernier a alors accepté de porter Paysage > Paysages et de lui donner une ampleur conséquente. « La rencontre essentielle a été celle avec Jean-Pierre Barbier, le patron du Département. C'est un humaniste qui, pour des raisons qui lui sont propres, croit comme nous que la culture est essentielle en période de crise sociale. Il nous a fait immédiatement confiance. »

Jean-Pierre Barbier n'écrit d'ailleurs pas autre chose dans l'édito du programme. « La culture n'est pas qu'un supplément d'âme, elle nous fait vivre des émotions uniques, nous fait partager des œuvres et des lieux que nous n'aurions même pas soupçonnés… Le Département reste sur sa ligne : valoriser les atouts de nos territoires et l'énergie de ses habitants, rassembler les acteurs culturels sur une opération commune pour vous offrir des expériences culturelles originales et inédites. »

Plein les yeux

Concrètement, pendant trois mois (le temps d'une saison donc), ce sont quelque 200 événements qui seront proposés dans cinq parties du territoire isérois (l'agglo grenobloise, le Grésivaudan, la Matheysine, le Voironnais et les Vals du Dauphiné) : des expositions, des spectacles, des concerts, des rencontres, des lectures… Un éventail dense rendu possible par le fait que le Département s'appuie sur les acteurs culturels locaux (il annonce 150 partenaires dans plus de 70 communes participantes) pour mettre sur pied ce projet qu'il pilote maintenant – le Laboratoire de Philippe Mouillon s'est retiré progressivement, en se « recentrant sur la prospective et l'innovation » (notamment avec l'université).

Un projet foisonnant qui n'aurait pu être qu'un simple agglomérat de propositions éparses, mais qui est plus que ça grâce à cinq temps forts organisés d'ici fin juin (un par territoire). Des "grands rendez-vous" étalés sur un week-end (et parfois plus) avec du grand spectacle, comme ce sera le cas pour celui d'ouverture prévu samedi 23 et dimanche 24 mars en Voironnais-Chartreuse, avec un "explore game", une lecture, une expérience de paysage… Ou encore – surtout même – une performance du fameux Antoine le Menestrel (photo), grimpeur artistique (on peut parler de danse de façade, ou danse verticale) qui se confrontera à l'église Saint-Bruno de Voiron avec un spectacle baptisé Entre chien et loup. Forcément grandiose.

Paysage > Paysages
En Isère du 23 mars au 22 juin

Grand rendez-vous #1
En Voironnais-Chartreuse samedi 23 et dimanche 24 mars


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"Wallbeuti" : toile photographique par Mabeye Deme