"Perdu connaissance" : Adrien Béal dans les plis de la vérité

Les questionnements qui nourrissent les spectacles du metteur en scène Adrien Béal sont a priori inépuisables, comme on pourra une nouvelle fois le constater à l'Hexagone de Meylan.


Annoncé comme un spectacle questionnant la vérité en s'appuyant sur la manière dont le philosophe Michel Foucault l'a traitée, Perdu connaissance, créé en octobre dernier au Centre dramatique national de Dijon, est aussi une pièce sur la solitude. Peut-être celle-ci révèle-t-elle d'ailleurs, presque au sens chimique, l'intériorité de chacun des six protagonistes…

Avec cette scénographie imposante et intrigante matérialisant une loge de gardienne d'école, le metteur en scène Adrien Béal dispose ainsi d'un lieu à recoins et à coulisses laissant entrevoir le dehors et cachant des mystères à l'image du texte elliptique, écrit au plateau au cours d'improvisations. Cette fille débarquée dans la loge où vivait sa sœur qui a littéralement « perdu connaissance » est-elle vraiment celle qu'elle prétend être devant la directrice d'école suspicieuse de prime abord ? Cette dernière est-elle aussi lisse qu'elle apparaît alors que, durant des années, elle et son mari n'ont pas utilisé entre eux la verbalisation – « c'était plus équilibrant que de se parler des choses du quotidien » ?

Adrien Béal, qui nous avait déjà séduits à l'Hexagone avec Le Pas de Bême (et dont compagnie du Théâtre Déplié porte particulièrement bien son nom), déploie ici une intrigue dans laquelle il distord aisément la notion de temps par de simples phrases annonçant que des mois se sont écoulés depuis la scène précédente. L'étrangeté est le contrepoint de la vérité recherchée. Ces vies accidentées s'exposent paradoxalement dans une étonnante fluidité de jeu.

Perdu connaissance
À l'Hexagone (Meylan) mardi 26 et mercredi 27 mars à 20h


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