Le Brésil à cor et à cri avec la nuit blanche du festival Ojo Loco

Rendez-vous vendredi 5 avril au cinéma Juliet-Berto pour le constater grâce à une programmation ambitieuse.


Pour la troisième année consécutive, la nuit blanche d'Ojo Loco (festival, on le rappelle, dédié au cinéma ibérique et latino-américain) permettra aux spectateurs les plus curieux de découvrir un vaste panorama de films des années 1960 à nos jours oscillant entre action, horreur et érotisme. Centrée cette année autour du Brésil, la programmation réunira un film d'animation du cru inédit par chez nous (Até que a Sbórnia nos Separe, 2014) ; l'une des aventures originelles du fameux agent OSS 117 (Furia à Bahia pour OSS 117, 1965) à peu près aussi kitsch et datée qu'on pourrait l'imaginer ; un mystérieux film surprise « avec des sabres lasers » projeté à 4h du matin…

Mais, surtout, deux œuvres majeures qui méritent amplement le déplacement à elles toutes seules. Succès phénoménal au Brésil et Ours d'Or à Berlin en 2008, Tropa de Elite aborde la lutte contre le trafic de drogue dans les favelas… du point de vue des forces d'élite du BOPE, unité de police aux méthodes aussi musclées que controversées. Ultra-violence, corruption et ambiguïté morale à tous les étages définissent ce film choc au scénario signé par Bráulio Mantovani (déjà à l'œuvre sur La Cité de Dieu) et réalisé par José Padilha, futur créateur de la série Narcos.

Sorti en 1967 dans un Brésil sous le joug de la dictature, Cette nuit, je m'incarnerai dans ton cadavre (photo) de José Mojica Marins est quant à lui une véritable perle oubliée du film d'horreur, surfant aux frontières du cinéma bis, du surréalisme et du pamphlet anticlérical. Deuxième apparition du personnage mythique de Zé do Caixão, fossoyeur psychopathe sans foi ni loi en quête de la femme parfaite créé par Marins quelques années plus tôt dans À minuit je posséderais ton âme, ce film hors norme redouble encore de créativité pour offrir au spectateur une expérience cinématographique rien moins que flamboyante, d'une radicalité esthétique et politique sans égale.

Nuit blanche du festival Ojo Loco
Au cinéma Juliet-Berto vendredi 5 avril de 20h à 6h


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