Ouragan sur le (Miles) Kane

Après cinq ans d'absence discographique en solo, l'ex-Rascals et Last Shadow Puppets Miles Kane a opéré son retour l'an dernier avec "Coup de Grace",  album de rupture un peu étouffe-chrétien qui arrache pourtant tout sur son passage. Et promet en live (dimanche 12 mai à la Belle électrique).


Visiblement, Miles Kane ne sait plus où donner de la tête. Entre ses différents projets musicaux, dont le Dr Pepper's Jaded Hearts Club Band, groupe de reprise des Beatles avec, entre autres, Matt Bellamy de Muse (on s'amuse comme on peut), un exil à Los Angeles, sa collection de vêtements pour Fred Perry ou encore une sale rupture, le néo-mod (du nom de cette sous-culture londonnienne très en vogue dans les années 1960) co-leader de The Last Shadow Puppets ne semblait plus avoir le temps de livrer un nouvel album solo, le dernier en date accusant ses cinq ans.

D'où, sans doute, cette impression que le Liverpudlien a tenté tout à la fois de rattraper le temps perdu à droite et à gauche, d'exorciser cette fameuse rupture amoureuse et d'en mettre plein la vue à celles et ceux qui l'attendaient, comme submergé par un bouillonnement d'idées trop longtemps laissées sous l'éteignoir. Bref, en quelque sorte d'asséner à son auditeur le Coup de Grace promis dans le titre dudit album.

Mais qui trop embrasse (trop de choses) mal étreint et tout se passe comme si l'ami Kane tentait de faire rentrer au chausse-pied les ingrédients de ce disque long d'à peine une trentaine de minutes : ses expériences, ses états d'âme, ses influences et ses collaborations (Jamie T et Lana Del Rey sont de la partie) ne nous laissant que peu de temps pour respirer et donnant l'impression que, décidément, il a un peu de mal à se trouver.

Hyperactif

Le tout commence pied au plancher façon Buzzcocks (Too Little Too Late) pour se poursuivre en quasi-pastiche de Marc Bolan (Cry on my guitar, très Get it On) avant d'alterner les ballades façon antiennes lennoniennes (Killing The Joke, Shavambacu), les embardées électro-funky (Coup de Grace), les rentrages dans le lard punkisant (Silverscreen qui rappelle The Damned, Something to rely) et ce drôle de mid-tempo composé avec la créature Del Rey (Loaded).

Au vrai, Coup de Grace laisse un peu sur les rotules comme après le passage d'un ouragan (ou une rupture, donc) ; et comme on dit en anglais, « a cat couldn't locate its own kittens ». Mais au fond, la chose n'est guère étonnante s'agissant de ces hyperactifs aux dispositions protéiformes que sont Miles Kane et son compère des Shadow Puppets Alex Turner : il leur faut toucher à tout et cette curiosité un rien pressée finit parfois par ressembler à la chevauchée d'un éléphant dans le magasin de porcelaine du rock anglais – ils emportent tout sur leur passage. Et, finalement, fort d'un talent indéniable, très souvent l'adhésion.

Miles Kane + Laure Briard
À la Belle électrique dimanche 12 mai à 19h


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