"Tremblements" : la passion du cri

De Jayro Bustamante (Fr-Gua-Lux, 1h40) avec Juan Pablo Olyslager, Diane Bathen, Mauricio Armas…


Guatemala, époque contemporaine. Consternation au sein de la famille de Pablo : ce père de famille pratiquant, nanti d'une jolie situation, vient de "virer sa cuti". Pour l'Église, il est un paria à rejeter aux marges ultimes de la société ou à "sauver" contre un traitement religieux onéreux…

Et voici une nouvelle pierre dans la critique des pseudo-cures (ou exorcismes) visant à "guérir" de leur "déviance" les fidèles osant affirmer leur homosexualité. Mais à la différence du récent Boy Erased, il ne s'agit plus en l'occurrence de thérapie de conversion destinée aux adolescents : les fous de Dieu s'en prennent aux adultes et usent de leur influence sectaire pour pulvériser l'existence sociale, professionnelle et familiale des réfractaires.

Le culte ici promu par l'Église a moins à voir avec la foi qu'avec une transe collective savamment organisée par les prédicateurs, faux prophètes le sermon aux lèvres, la main agitant la corbeille de la quête. Leur bienveillance intéressée et leur empressement à vendre "des stages de normalité" ou – un comble – à recruter Pablo pour ses compétences financières montrent que la lumière jaillit du tiroir-caisse, à défaut d'inonder les esprits. Le réalisateur guatémaltèque Jayro Bustamante ajoute à ce cynisme obscurantiste une étouffante obscurité visuelle, rendant charbonneuse, sombre, épaisse et glauque l'image de ce film à l'issue pathétique. Quand on dit que les Églises feraient mieux de s'occuper de leurs calottes plutôt que des culottes de leurs fidèles…


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