Émilie Le Roux : « Regarder ensemble le monde d'aujourd'hui »

Du théâtre, de la musique, quelque 90 artistes professionnels et amateurs au plateau… "Et tout ce qui est faisable sera fait", nouvelle création de la metteuse en scène grenobloise, dont la première est prévue samedi 4 mai à la MC2, a de quoi fortement intriguer. On vous en dit un peu plus en sa compagnie.


« Qu'est-ce qui s'oppose à Auschwitz dès lors que c'est faisable ? De n'importe quelle façon, n'importe quand et par n'importe qui, tout ce qui est possible est aussi faisable et tout ce qui est faisable sera fait. » Utiliser comme point de départ d'un projet artistique une phrase aussi forte que celle du dramaturge allemand Heiner Müller a de quoi plomber. Pourtant, à ce qu'on a pu en voir en répétition, et, surtout, connaissant bien le travail d'Émilie Le Roux (une artiste qui questionne frontalement notre monde sans toutefois sombrer dans le défaitisme), on imagine que Et tout ce qui est faisable sera fait sera plutôt porteur d'un espoir, même infime, même décalé…

Rien que son titre, d'ailleurs, peut le laisser penser, qui revêt un sens très lourd remis dans la citation initiale mais qui peut aussi se lire, seul, comme une injonction à changer tous ensemble. Ce que le cœur de cette drôle d'aventure artistique confirme : une entreprise menée conjointement par la compagnie Les Veilleurs d'Émilie Le Roux, le « collectif de musiciens jazz et musiques improvisées » le Tricollectif et, surtout, de nombreux amateurs rencontrés dans les trois villes qui accueilleront le spectacle – Grenoble, où aura lieu la première date, puis Orléans et Vitry-sur-Seine. Avec l'idée, comme nous l'a expliqué la metteuse en scène, de « regarder ensemble le monde d'aujourd'hui et comment on peut agir ou non sur le futur ».

« Rendre collective une expérience de création »

Concrètement, Et tout ce qui est faisable sera fait mêlera théâtre, musique, chant ou encore danse. Et on entendra aussi bien des compositions originales du Tricollectif que des textes variés de grands noms des lettres (Camus, Tchekhov…) comme d'auteurs et autrices plus contemporains. « C'est un montage dans lequel chaque élément a du sens en soi mais dégage aussi du sens en étant lié aux autres. »

Un montage différent dans chaque ville comme le spectacle a, à chaque fois, été pensé en lien avec les différents amateurs qui ont longuement rencontré les membres de la compagnie – une vingtaine de comédiens professionnels seront au plateau à leurs côtés. « La question de savoir comment on rend collective une expérience de création est hyper intéressante. Et c'est une expérience réellement collective comme on a cherché à avoir une mixité d'âge, de genre, sociale et culturelle. » Optimiste qu'on vous dit.

Et tout ce qui est faisable sera fait
À la MC2 samedi 4 mai à 19h30


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