"Bêtes d'affiches, une saga publicitaire" : trente millions d'amis

Changement d'ambiance ! Après une exposition consacrée à la passionnante (et parfois inquiétante) scène polonaise, le Centre du graphisme d'Échirolles présente un accrochage accrocheur consacré aux animaux dans la publicité. Une proposition amusante qui revendique cependant une (timide) approche critique.


Soucieux de toujours s'adresser à un large public, le Centre du graphisme d'Échirolles fait en sorte d'alterner les propositions exigeantes et d'autres plus légères dont le but est de faire passer un moment sympathique au visiteur. C'est chose réussie avec l'exposition Bêtes d'affiches, une saga publicitaire qui nous explique, dans sa première partie, comment les créateurs et les publicitaires associent les qualités de certains animaux à celles des produits pour susciter le désir de consommation. On y trouvera par exemple la mine éternellement réjouie de la Vache qui rit ou encore la silhouette du poulain du fameux chocolat.

Située au cœur du parcours et intitulée "gag visuel", la seconde partie se concentre, elle, sur le travail du Français Savignac, maître incontesté du genre mort en 2002. Une interview témoigne de l'immense modestie de cet affichiste dont les gags graphiques ont accompagné l'insouciance d'une France désireuse de tourner le dos aux années de guerre – et vu le comportement des humains durant cette funeste période, on comprend qu'il ait été plus vendeur de faire appel aux figures animalières !

Fun de rigueur

Enfin, c'est à l'univers de l'enfance que renvoient les animaux représentés dans la dernière salle ; soit parce qu'ils ont l'allure de peluches, soit parce qu'ils font référence à des personnages de contes. Mais qu'on ne s'y trompe pas : ce "monde enchanté" qui donne son titre à la salle, c'est bien sûr aussi celui que veut nous vendre la publicité. Un monde où le fun est de rigueur et l'euphorie la règle.

Un monde où un éléphant enjoué nous vante les mérites d'un insecticide DDT contre les fourmis (alors même que son impact environnemental et sanitaire est désastreux et que ces pachydermes n'ont rien contre ces sympathiques insectes) et où un ours blanc se réjouit à la dégustation d'un Coca dont la production et la distribution énergivores contribuent largement au réchauffement climatique et à la disparition de la banquise… Tout ceci n'est cependant qu'à peine effleuré dans un texte minuscule que, de toute façon, peu de visiteurs liront. On aurait aimé que cette dimension critique soit plus affirmée.

Bêtes d'affiches, une saga publicitaire
Au Centre du graphisme d'Échirolles jusqu'au vendredi 30 août


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