Regards croisés : quand le théâtre répond (au) présent

Dix-neuvième édition pour le festival grenoblois Regards croisés dédié au théâtre qui s'écrit aujourd'hui. Avec, pendant cinq jours dans le Nouveau Théâtre Sainte-Marie-d'en-bas, des lectures en scène de textes contemporains choisis par le collectif Troisième bureau. On a lu tout ça en amont. Spoiler : il y a du très bon.


« Non c'est non » : c'est avec un tel cri de ralliement que s'avance cette année le « festival des nouvelles écritures théâtrales » Regards croisés, qui met en avant depuis presque vingt ans les auteurs et autrices qui, aujourd'hui, écrivent du théâtre. Une phrase en lien avec l'actu (notamment la question du harcèlement sexuel) qui interpelle. Et qui résonne avec les textes les plus percutants de cette nouvelle édition de l'événement porté par le collectif grenoblois Troisième bureau.

On pense notamment au Cinglée de l'autrice Céline Delbecq, qui sera lu samedi 18 mai à 18h. Un drame de poche centré sur une femme de 59 ans qui, un jour, prend conscience en lisant un journal que les violences conjugales ne sont pas un petit phénomène. Elles sont même un « génocide ». « Alors Marta s'est dit qu'elle garderait les deux articles, celui de Carmen et celui de Florence, et qu'elle retiendrait leurs noms, ensemble. Et qu'elle retiendrait les noms de toutes celles qui suivraient, s'il y en avait d'autres qui suivaient. »

Céline Delbecq fait alors sombrer Marta dans une folie qui nous paraît paradoxalement logique (comment accepter cette terrible réalité sans broncher ?), ce qui donne littéralement le vertige. Un vertige similaire que celui que l'on ressent à la lecture du livre Une culture du viol à la française que l'essayiste Valérie Rey-Robert vient de publier (un réquisitoire précis et solidement argumenté) dont cette dernière parlera le jour même (à 15h30) grâce à l'invitation judicieuse que lui a faite le festival.

« Superstrass de la musique »

Mais le « Non c'est non » de cette année peut aussi s'appliquer au héros du texte Loud de l'auteur Pierre Koestel, sur un jeune garçon qui « pratique la chanterie » et voudrait se « transmuer en superstrass de la musique ». Une pièce au langage inventif et imagé, comme une sorte de déformation poétique du réel, dans laquelle on suit un ado que certains jugent pas assez viril, pas assez dans la norme… Mais lui n'en a que faire, traçant sa route coûte que coûte, comme on pourra s'en rendre compte mercredi 15 mai, soir d'ouverture du festival.

En tout, une dizaine de pièces françaises et étrangères seront mises en lecture pendant cinq jours. Des œuvres aux histoires et aux styles variés (la sélection de cette édition est particulièrement qualitative) dont on pourra ensuite causer avec celles et ceux qui les ont écrites (et, le cas échéant, traduites). Avant, peut-être, de les découvrir, un jour, mises en scène ici ou là.

Regards croisés
Au Nouveau Théâtre Sainte-Marie-d'en-bas du mercredi 15 mai au dimanche 19 mai


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