"Papier peint, tout un art !" : papiers bavards

Avec cette exposition, la Maison Bergès – Musée de la Houille blanche de Villard-Bonnot nous invite à un parcours dont les belles surprises qu'il réserve visent à réhabiliter cet art décoratif méprisé pour avoir trop souvent basculé dans le kitsch. Surprenant !


Une exposition sur les papiers peints dans un musée dédié à l'hydroélectricité (la fameuse houille blanche) ? Et pourquoi pas. Car si la Maison Bergès s'est intéressée aux papiers peints, c'est non seulement parce que leur confection résulte du lien entre art et industrie, mais aussi parce que la demeure familiale devenue musée recèle quelques exemplaires remarquables dont les motifs témoignent du goût des Bergès aussi bien pour l'Art nouveau que le renouveau des styles du passé.

C'est donc logiquement que le parcours père une mise en bouche en débutant par les appartements. Après les nénuphars stylisés de la "chambre Mucha" et un couloir tapissé d'iris, la chambre de la fille Bergès nous réserve de symboliques pavots en train d'éclore, tandis que de luxueux lys sur papier moiré et de luxuriantes roses rococo jouent leur rôle de décor d'apparat dans les salons.

Amusant, le premier papier peint présenté dans l'exposition proprement dite semble contenir précisément la diversité des fleurs de cette cueillette visuelle. S'ensuit un accrochage thématico-chronologique qui nous montre comment, depuis le XVIIIe siècle, les motifs floraux se sont stylisés au point qu'à la fin du XIXe siècle, avec l'Art nouveau et le mouvement Arts & Crafts, les courbes végétales ont carrément des allures architecturales.

Art de l'illusion

Ébloui devant la richesse des coloris, le visiteur peut, grâce à des vidéos, saisir la complexité des techniques d'impression et leur évolution. Car tout au long du XIXe siècle, les fabriques de papiers peints rivalisent d'ingéniosité pour imaginer des procédés qui permettent l'imitation de tout un tas d'effets textiles – broderie, drapée… – mais également d'éléments architecturaux ou décoratifs – pilastres, mosaïques... Le papier peint devient alors un moyen de créer à moindre coût des environnements somptueux mais toujours factices.

Amusant de redécouvrir cela aujourd'hui, tout comme les délicates surprises que l'exposition nous dévoile : des chinoiseries, une scène d'affranchissement d'esclaves ou encore une planche de L'Encyclopédie de Diderot dont les schémas expliquent comment s'opère la pose d'un papier peint. De quoi donner des idées pour vos réaménagements intérieurs !

Papier peint, tout un art !
À la Maison Bergès (Villard-Bonnot) jusqu'au dimanche 3 novembre


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