Le texte qui nous accueille dans l'exposition Elle de la photographe Véronique Serre pose l'ambiance : il y est question d'une relation complexe, passionnelle, quelque chose de l'ordre d'une intimité bouleversée. La typographie irrégulière d'une machine à écrire fatiguée par des heures de confessions renforce ce sentiment et contribue à nous plonger dans l'univers intimiste que dévoile l'ensemble exposé.
Réalisée en argentique, la série fait usage de la technique de la superposition de négatifs pour laisser apparaître, sur chaque cliché, une femme implacablement accompagnée d'une sorte de double fantomatique. Ombre, reflet ou trace photographique... : d'une image à l'autre, cette figure se montre de manière différente, parfois très nettement, d'autres fois de façon beaucoup plus volatile ou discrète…
Hanté par ce double dont on ne sait s'il est bienveillant ou menaçant, le modèle de Véronique Serre erre dans un environnement campagnard qui apparaît comme le décor désolé d'une possible tragédie. En partie exutoire, ce travail imprègne alors le visiteur d'une atmosphère de troublante mélancolie qui pourrait bien le suivre à son tour…
Elle
Au Studio Spiral jusqu'au dimanche 9 juin