Yoann Bourgeois : "Ophélie", « une présence qui flirte en permanence avec l'absence »

Yoann Bourgeois est un artiste passionnant, ni vraiment circassien, ni vraiment chorégraphe, mais peut-être tout ça (et plus encore) à la fois. Dans le cadre de sa série de créations baptisée "tentatives d'approches d'un point de suspension", il dévoilera devant la Maison Bergès de Villard-Bonnot puis sur la place Saint-André de Grenoble sa prometteuse nouvelle forme courte (pas plus de 15 minutes) "Ophélie". Interview en amont histoire d'en savoir un peu plus.


Pourquoi ce spectacle pour une interprète (Marie Vaudin) s'appelle-t-il Ophélie ?

Yoann Bourgeois : Parce qu'il s'inspire du personnage que l'on trouve au sein de la pièce Hamlet, et du moment de sa mort. À la façon dont Shakespeare raconte ce passage, on a l'impression qu'Ophélie n'en finit pas de mourir. Pour moi, c'est vraiment l'image de la dissolution par excellence. Ophélie incarne la présence que je cherchais, une présence qui flirte en permanence avec l'absence, qui est là sans être là…

Dans la pièce, Ophélie meurt noyée, d'où le dispositif que vous avez créé…

Oui. Comme souvent pour mes spectacles, je crée un dispositif. Là, c'est un gros aquarium, sorte de petite chambre qui met en mouvement un corps inerte manipulé par une grue. L'eau est un formidable élément pour ne plus rien peser, voire parfois pour peser moins que rien comme le corps peut aussi remonter à la surface s'il a suffisamment d'air.

C'est un dispositif qui s'intègre à cette constellation de dispositifs autonomes que j'ai appelée il y a quelques années "tentatives d'approches d'un point de suspension" : des projets autoproduits qui font, au fur et à mesure des années, comme des variations continues, à l'image de ce que j'ai pu faire avec l'escalier et le trampoline. Des dispositifs qui évoluent à leur rythme ; il y a quelque chose en cours qui est sans fin je pourrais dire, comme un laboratoire.

Avant d'aller le présenter mi-juin à Grenoble dans le cadre du cinquième Grand Rassemblement du Centre chorégraphique que vous codirigez, vous allez dévoiler le spectacle à la Maison Bergès de Villard-Bonnot, un musée à la thématique qui colle parfaitement à votre sujet – Aristide Bergès était un ingénieur hydraulicien…

Depuis toutes ces années – depuis Cavale à la Bastille [en 2010] –, la relation à l'environnement est une donnée fondamentale dans la présentation de mes pièces. Le fait qu'Ophélie soit donnée à la Maison Bergès, ce musée qui met à l'honneur l'histoire de l'énergie hydraulique, est encore une façon de jouer avec un lieu !

Ophélie
À la Maison Bergès (Villard-Bonnot) dimanche 2 juin à 14h30, 15h30 et 16h30
Sur la place Saint-André (Grenoble) à 15h et 18h30


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