"X-Men : Dark Phoenix" : 50 nuances de Grey

De Simon Kinberg (ÉU, 1h40) avec James McAvoy, Sophie Turner, Michael Fassbender…


1992. Partie avec les X-Men à la rescousse d'astronautes en détresse, Jean Grey est submergée par un magma cosmique qui déchaîne ses pouvoirs en puisant dans les aspects obscurs de son passé. Incontrôlable et dangereuse, elle rejette Xavier et compte sur l'aide de Magneto…

L'absence de Bryan Singer, mis à l'index pour des accusations d'agression sexuelle, serait-elle à déplorer ? Force est de reconnaître que l'avance prise par la bande à Xavier sur la troupe de Stark a fondu comme la calotte polaire : la vitesse déployée par les Avengers dans le diptyque habité par Thanos a rattrapé et ordonné l'accumulation foutraque (parfois poussive) qui diluait les enjeux à force de tonalités divergentes. Limitant ses spin-off aux aventures de Wolverine (achevées en apothéose dans Logan), voire à l'inclassable Deadpool, les X-Men avaient pour eux une cohérence globale, conséquence directe des schémas narratifs reposant sur des oppositions duelles (Xavier contre Magneto, humanité contre mutants…) ; de bonnes rivalités bipolaires fondées sur des présupposés manichéens ainsi que sur la puissance du psychisme, de l'affect, de la télékinésie… Un équilibre binaire qui vacille ici.

Car si soumettre un personnage jusqu'alors globalement positif à de profonds conflits intérieurs, le conduire à semer la discorde dans son groupe et à sortir Magneto et sa secte de leur réserve indienne suit la ligne (et tient la route), faire débarquer ex nihilo une puissance extraterrestre désireuse de s'emparer de ses nouveaux pouvoirs pour gouverner l'univers (et, au passage, détruire la Terre – vieille rengaine) s'avère à la fois inutile et grotesque – dommage pour Jessica Chastain, pièce rapportée en question. Arrive-t-on en bout de course ? Faut-il incorporer Deadpool pour revitaliser tout cela ou redonner un rôle digne de son rang à Magneto, ici cantonné aux utilités ? Faut-il espérer un combo mêlant les X-Men rescapés et les Avengers survivants ? L'inévitable suite le dira…


<< article précédent
"Piranhas" : l’or dur de Naples