"Face au vent" : retour aux souffles

De Meritxell Colell (Esp-Arg-Fr, 1h40) avec Monica Garcia, Concha Canal, Elena Martín…


Chorégraphe et danseuse à Buenos Aires, Monica apprend par téléphone la maladie de son père. Le temps de rentrer en Espagne, celui-ci est mort. Décidant de demeurer sur place pour aider sa mère âgée à accomplir diverses formalités, elle renouera avec son passé et les siens…

L'argument du "retour de l'enfant prodigue" n'est pas neuf ; et s'il a donné naissance à bien des variations, il contient souvent les mêmes éléments : la réconciliation sur le tard avec la parentèle ayant été à l'origine du départ – pour cause de rejet, d'indifférence ou de honte (celle-ci pouvant être éprouvée par l'enfant, rêvant d'une destinée loin de sa modeste extraction). Bien souvent encore, ces thématiques sont teintées d'autobiographies et traitées dans des premières œuvres. Espagnole exilée pour ses études en Argentine, Meritxell Colell qui signe ici son premier long de fiction coche au moins deux items. 

Mais c'est évidemment la manière dont elle habille cette trame qui importe ; en l'occurrence les retrouvailles sensuelles de son héroïne avec la terre de son enfance, et notamment cet élément puissant qu'est le vent. Au gré des saisons, face aux bourrasques du passé, elle se raccommode.

Oh, la cinéaste ne fait cependant pas l'économie de quelques poncifs, en insistant lourdement sur des extraits de Café Müller – pour s'assurer que le public aura bien saisi les références-révérences à Pina Bausch. Pas plus qu'elle ne se prive de mettre en valeur sa comédienne Monica Garcia, élégamment emmaillotée dans des lainages et flattée dès que possible par les rayons rasants du soleil – davantage, on pourrait croire à une pub France Télécom du début du siècle. Hors ces coquetteries et quelques longueurs, on gagnerait en émotion.


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