Musée électronique : électro en vue

Et un nouveau festival grenoblois, un. Organisé par la société de production grenobloise le Périscope, il s'appelle Musée électronique, et sa première édition aura lieu vendredi 14 et samedi 15 juin dans les jardins du Musée dauphinois. Un cadre littéralement splendide (quelle vue !) pour un événement qui se veut « élégant mais pas pédant » avec une programmation riche en grands noms électro français. On détaille tout ça.


Un festival électro organisé de 18h à minuit ? Un choix curieux, mais que le programmateur Robin Direr nous avait expliqué en mars. « C'est une plage horaire intéressante qui permet de toucher un public large, et notamment les jeunes parents qui sortent moins facilement sur des minuit-6h. » Comprendre qu'avec Musée électronique, on ne sera donc pas sur des sons tapageurs ou abrasifs façon gros raout techno, mais plutôt sur une électro-pop dansante et légère.

Et qu'on sera face à une programmation peu risquée pour cette première édition, avec des noms (quasiment tous masculins) bien référencés dans le vaste monde de l'électro. Tel, le vendredi soir, le Français Breakbot, que l'on connaît notamment grâce à son tube Baby I'm Yours sorti en 2010 sur le label français Ed Banger – celui de Justice, Cassius, Mr. Oizo, Uffie…. Une petite bombe électro-pop qui rentre instantanément en tête (la télé l'a beaucoup utilisée) du fait, notamment, des parties chantées par Irfane, acolyte de Breakbot et membre du groupe Outlines. C'est d'ailleurs ensemble qu'ils se produiront à Musée électronique, Breakbot étant aujourd'hui devenu quasiment un duo.

Popopop

Mais Breakbot, c'est surtout un sens de l'efficacité musicale (pour lui et pour d'autres – il a remixé Justice, Metronomy ou encore Sébastien Tellier) qui fait appel, par touches, à pas mal d'autres styles – disco, funk, pop… « On essaie de se rapprocher d'une bande-son plus solaire, faite de plages et de cocotiers » expliquait en 2016, lors de la promotion de leur deuxième album, Irfane au magazine en ligne Sourdoreille. Une recherche de chaleur musicale parfaitement compatible avec l'ADN de l'écurie Ed Banger, elle qui « a fait passer la musique électronique dans le domaine de la pop culture. Forcément, tous les puristes se sentaient trahis d'une certaine manière. Je pense qu'il ne faut pas le voir comme une vulgarisation, plus comme un vrai accomplissement en soi » (extrait de la même interview).

Logique donc de programmer Breakbot le même soir que Pedro Winter, ex-manager de Daft Punk et fondateur en 2003 dudit label, qui mixe sous le pseudo de Busy P. Et également que Myd, membre du collectif de DJs-producteurs Club Cheval qui, après avoir notamment collaboré avec pas mal de rappeurs (SCH, Lacrim, Alonzo…), a rejoint Ed Banger il y a deux ans à l'occasion lors de la sortie de son EP très pop All Inclusive. Depuis, on a pu l'écouter sur la bande-son du film Petit paysan d'Hubert Charuel, et il vient tout juste de sortir l'EP Superdiscoteca, ce qui là aussi promet un set dansant – le morceau du même nom est une pépite pour dancefloors estivaux, parfaite à savourer un cocktail à la main.

Techno et politique

Après ce vendredi très pop (où l'on croisera aussi les deux DJs locaux Bernadette et Mogan), place à un samedi légèrement différent avec, en tête d'affiche, une légende de la scène techno et house française : Agoria. Soit un producteur, compositeur et DJ qui a musicalement grandi à Lyon, ville où il a fait ses premières armes il y a 20 ans – il a participé à la création en 2003 de Nuits sonores, festival électro devenu une référence en France et même au-delà. Et à qui on doit la cocréation en 2006 du label InFiné, au croisement de plusieurs genres musicaux, sur lequel figurent des artistes aussi passionnants que Rone, Aufgang, Bachar Mar-Khalifé ou encore Murcof.

Mais Agoria, c'est surtout une musique fortement influencée par la techno de Détroit et son pape Jeff Mills, comme on en a souvent eu la preuve avec ses morceaux, de son premier tube La Onzième marche en 2002 à l'ultra efficace Code 1026 en 2006 jusqu'à son album Impermanence en 2011, véritable bijou. Une musique qui s'aventure également sur des terrains plus pop, ce qu'il assume clairement avec Drift, quatrième album tout juste sorti – et qui a de quoi laisser perplexe les adeptes du versant plus techno du musicien.

Des terrains pop qui se marieront pourtant bien avec ceux du producteur parisien Dombrance, que l'on retrouvera le même soir (aux côtés également de Mc Bak et Thomas Villard pour être exhaustif). Et notamment à ses créations les plus récentes mélangeant électro-disco et références à des  femmes et hommes politiques français, à l'image des trois premiers singles dédiés respectivement à Jean-Pierre Raffarin, Christiane Taubira et Valéry Giscard d'Estaing, dont les noms servent de refrains vaporeux. On verrait bien la même chose avec nos politiques locaux !

Musée électronique
Au Musée dauphinois vendredi 14 et samedi 15 juin de 18h à minuit


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