"Entre deux genres d'humanité" : splendeur et misère par Louis Jammes

Visite guidée de l'exposition que l'Espace Vallès de Saint-Martin-d'Hères consacre au photographe français.


Né à Carcassonne en 1958, Louis Jammes s'est fait connaître dans les années 1980 en photographiant les artistes superstars de l'époque dans des décors inspirés par leurs œuvres. Il appartenait alors à une génération soucieuse de rompre avec le dogme moderniste qui, depuis les années 1950, défendait un art pur, élitiste, autoréférentiel et généralement abstrait. Issu de la figuration libre, Jammes revendiquait au contraire un usage complètement libéré des techniques, produisant des images hybrides "photographico-picturalo-théâtrales".

Avec le temps, sa pratique s'est formellement assagie. Il intervient désormais rarement graphiquement sur ses tirages. Et, surtout, privilégie une pratique plus documentaire et sociale. D'où le fait que sur le grand mur de l'Espace Vallès qui l'expose, ce ne sont pas des photographies de stars qui sont présentées mais celles de femmes, d'hommes et d'enfants dans ce qu'ils ont de plus humain. On y découvre des immeubles défoncés par des impacts de balles, des enfants jouant à la guerre avec des armes factices (et, même, parfois, sur de vrais tanks)…

Des femmes en fichu et les graffitis en cyrilliques nous laissent imaginer que nous sommes en Europe de l'Est – en l'occurrence en Tchétchénie. C'est, en effet, depuis les années 1990, le sort des oubliés de l'Histoire qui préoccupe le photographe. À l'étage cependant, quelques tirages nous ramènent vers les paillettes et les strass du monde de l'art. Et le splendide portrait de Jean-Michel Basquiat nous rappelle qui était la star à l'époque !

Entre deux genres d'humanité
À l'Espace Vallès (Saint-Martin-d'Hères) jusqu'au samedi 6 juillet


<< article précédent
Grand Rassemblement 5 : qui se rassemble s’enchante