Un Festival Berlioz tout en majesté

Pour l'acte 2 du 150e anniversaire de la mort du fameux compositeur français, le Festival Berlioz nous annonce "Le roi Hector". L'an passé, l'acte 1 nous avait montré un "sacré Berlioz". In fine, on célèbre chaque année à La Côte-Saint-André un sacré roi Hector Berlioz par toutes ses facettes, dans tout son génie. La preuve une nouvelle fois cet été.


Hector Berlioz (1803 – 1869), compositeur si singulier dans l'histoire de la musique, est chaque année fêté en grande pompe en Isère, et toujours avec de la démesure, du faste, du grandiose mais aussi beaucoup d'émotions. Car il ne faut jamais oublier que si Berlioz fut un immense compositeur, cela ne peut le résumer entièrement, lui qui était aussi chef d'orchestre, écrivain, journaliste, grand voyageur, amoureux transi, visionnaire fou… Et surtout autodidacte talentueux.

Pour cette édition 2019 du Festival Berlioz, clin d'œil appuyé au roi Hector (le compositeur) donc, doublé d'un autre clin d'œil au fameux roi Hector de L'Énéide (la fameuse épopée de Virgile écrite entre 29 et 19 av. J.-C.) tué par Achille au cours de la guerre de Troie. Cette programmation a ainsi été tricotée à partir de cette histoire et de ce que Berlioz en a fait.

Ouverture en fanfare

De la démesure pour l'ouverture samedi 17 août, puisqu'un village troyen sera installé au cœur même de La Côte-Saint-André (dans lequel on pourra notamment se prendre au jeu du tir à l'arc – encore un clin d'œil, pauvre Achille !) ; de la démesure encore puisqu'un cheval de six mètres de haut déambulera dans les rues du village, quelques musiciens cachés dans son ventre… Bruno Messina, le directeur du festival, l'assure : on boira et dansera toute la nuit. Ivresse assurée pour cette véritable épopée populaire.

Plus tard (dimanche 25 août), il sera encore question des Troyens, œuvre gigantesque, opéra pharaonique, œuvre maudite que Berlioz n'a jamais entendue dans son intégralité. La prise de Troie, la première partie de l'œuvre, sera donnée par l'orchestre académique du festival (le Jeune Orchestre Européen) dirigé par François-Xavier Roth. Il faudra attendre l'édition 2020 pour entendre la seconde partie intitulée Les Troyens à Carthage. Patience… En attendant, on pourra profiter du  reste de la programmation qui envoie aussi du lourd.

Programme royal

Signe implacable du prestige toujours grandissant du festival,  Bruno Messina a su faire venir à La Côte-Saint-André le chef d'orchestre russe Valery Gergiev, l'ogre de la musique classique, qui, mercredi 28 août, dirigera Roméo et Juliette avec son orchestre de Saint-Pétersbourg. Un moment historique !

Quant au pianiste Jean-Baptiste Fonlupt, il proposera une expérience étonnante sur plusieurs jours. En cinq moments musicaux, il fera entendre tout le déroulé de La Symphonie fantastique, des Rêveries-Passions jusqu'au cinquième récital Le Songe d'une nuit de sabbat. Où l'on croisera aussi Chopin, Schumann, Schubert et Liszt.

Autre grand moment en perspective samedi 24 août : Euphonia 2344, pièce de Michaël Levinas en création mondiale sur une nouvelle de Berlioz. Mise en lumière du Berlioz écrivain (Euphonia ou la ville musicale, véritable récit d'anticipation dont l'action se passe en 2344), l'œuvre met en scène une cité idéale entièrement dédiée à la musique, même si la ville est soumise à un régime despotique. Michaël Levinas à la composition donc, Daniel Kawka à la direction et Stanislas Nordey à la mise en espace : Berlioz est un roi comblé.

Sinon, le fidèle chef d'orchestre John Eliot Gardiner reviendra jeudi 29 août avec son Orchestre révolutionnaire et romantique pour faire sonner un Benvenuto Cellini hors du commun. Œuvre monumentale considérée aujourd'hui comme l'une des plus remarquables de Berlioz, elle sera interprétée sur instruments d'époque. Et en costumes.

Enfin (même si nous n'avons pas détaillé l'entièreté du programme, loin de là), pour la soirée de clôture prévue le 1er septembre,  François-Xavier Roth offrira du grandiose et deux tubes à la dimension interplanétaire : La Symphonie N°5 de Beethoven et, surtout, La Symphonie Fantastique de Berlioz. Avec cette œuvre, Berlioz connut enfin le succès, révolutionna ce genre musical et donna des titres à chaque mouvement : la musique à programme naquit.

Festival Berlioz
À La Côte-Saint-André du samedi 17 août au dimanche 1er septembre


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