Mens, une Limousine !

Entre concerts et ateliers, le festival Mens alors !, bien entré dans l'adolescence (on en est à la 16e édition), continue de faire voyager son public dans un mélange d'insouciance et d'exigence. L'occasion cette année, surtout, de s'offrir un chouette tour en Limousine, du nom du projet post-jazz mené par l'omnipotent Laurent Bardainne, l'une des rutilantes calandres de l'édition.


Peut-être n'avez-vous jamais entendu parler de Laurent Bardainne, claviériste, saxophoniste et compositeur de jazz (du moins sur le papier) particulièrement demandé sur la place française. Pourtant, vous l'avez forcément déjà entendu, au mieux parce que vous suivez l'un des nombreux projets musicaux dont il est l'indispensable homme de l'ombre ou le cerveau discret (de Rigolus à l'excellent Poni Hoax, l'une des plus belles inventions de la scène française, en passant par Lost avec Camélia Jordana), au pire malgré vous en écoutant Doux Tam-Tam, le touchant album de reprises publié par Dave en 2004, Château Rouge d'Abd al Malik, Soft Power de Chilly Gonzales (2008), Bichon de Julien Doré (2011), Film of Life de Tony Allen (2014) ou les albums (et concerts) du Supersonic de Thomas de Pourquery.

Mais si vous aimez le jazz, du genre qui dépoussière le genre justement, vous connaissez sûrement Limousine, cet engin formidable qui se fait le véhicule de toutes les idées brillantes de Bardainne, qui a cofondé le quatuor en 2005 avec Maxime Delpierre du groupe VKNG.

Bonjour tristesse

Limousine, ou un projet parallèle qui devient de plus en plus central dans la carrière de ses créateurs et dans le cœur des mélomanes. Le quatrième album du groupe, si l'on ne compte pas la BO du film Deux Fils de Félix Moati sorti en février dernier, continue de regarder vers l'avant sans oublier le salvateur coup d'œil dans le rétro. Et de répondre à un concept.

Après Siam Road enregistré en Thaïlande et documentant la rencontre avec la musique locale, L'été suivant... a été enregistré trois étés durant à Paris pour rendre compte du spleen estival qui envahit une capitale vidée de ses habitants. Un voyage immobile et engourdi qui emprunte, sûrement pas par hasard, son titre à une phrase du Bonjour tristesse de Françoise Sagan dont on nous livrerait une version fantastique.

Les morceaux de l'album semblent émerger du smog parisien, zombifier l'atmosphère habituellement si frénétique de la capitale. Et, pour cela,  croisent aux frontières du jazz, de la synth-pop, du kraut rock, du prog rock et de l'easy listening anesthésiant. À tous égards et dans tous les sens du terme, sensationnel, comme tout ce qui passe entre les mains de Laurent Bardainne.

Limousine
Aux Sagnes (Mens-en-Trièves) jeudi 8 août à 20h30

Mens alors !
À Mens du mardi 6 au samedi 10 août


<< article précédent
Un Festival du film court en plein air de Grenoble comme « reflet de la société d’aujourd’hui »