"Vita & Virginia" : jeux de dames

de Chanya Button (GB-Irl,  1h50) avec Gemma Arterton, Elizabeth Debicki, Isabella Rossellini…


Londres, 1922. La romancière mondaine Vita Sackville-West, vivant en union très libre avec son diplomate d'époux, engage une relation intellectuelle, amicale et physique avec la réservée Virginia Woolf qu'elle admire. Mais Vita est volage et Virginia, fragile…

Au rayon des films-d'Anglaises-qui-boivent-du-thé-en-lisant, faites une place de choix à Vita & Virginia qui coche toutes les cases – il ne manque que Jane Austen et/ou Emma Thompson et/ou James Ivory pour que la grille soit complète. Convoquant autant le féminisme en costumes que des amours réprouvées forcément malheureuses, cette reconstitution soignée dessine de Woolf une silhouette plus complexe et moins éthérée que celle traditionnellement véhiculée, l'intellectuelle mélancolique y gagnant un corps sans perdre son âme.

Mais si ce film s'avère édifiant d'un point de vue historique et documentaire sur la question de l'émancipation féminine, il pèche par deux coquetteries venant singulièrement l'égratigner. La première concerne la musique : la partition choisie joue la carte de la contemporanéité, un parti pris toujours curieux quand on veille aussi scrupuleusement à la véracité historique. Est-ce une manière discrète de nous faire comprendre les échos de cette époque avec la nôtre ? Quant à la seconde, elle s'applique à bon nombre de biopics qui magnifient les figures originelles en engageant des comédiennes à la beauté renversante – comme c'est le cas ici. Cette sur-esthétisation est une forme de déni de réalité, pour ne pas dire de révisionnisme qui, pour le coup, n'a rien d'un comportement féministe.


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