"Un peuple et sa Révolution" : quand le peuple sort des cases

Publié en janvier chez Actes Sud, la bande dessinée "Liberté" est le premier tome de "Révolution", trilogie consacrée à la Révolution française. Bonne nouvelle : les auteurs Florent Grouazel et Younn Locard exposent leurs planches originales ainsi que leurs carnets de croquis au Musée de la Révolution française de Vizille. Un travail époustouflant !


Au Musée de la Révolution française, les tableaux représentent, pour la plupart, des figures allégoriques (la Justice, la Liberté…) ou historiques (Marat, Robespierre…) de cet épisode majeur de notre Histoire que fut la Révolution française. Mais dans l'ouvrage titanesque (3 tomes de 250 pages chacun) qu'ils consacrent à ce moment charnière, Florent Grouazel et Younn Locard ont, au contraire, choisi de porter leur regard sur le peuple dans sa diversité.

Dans l'exposition qui en découle, les premières planches dévoilent la vie misérable de citadins reclus dans un cloaque sordide, rappelant que les injustices et la misère ont été le terreau de la Révolution. Et que le peuple, souvent en proie aux doutes et aux errances, traversa ce moment sans forcément avoir conscience de ce à quoi il participait.

Prenant alternativement la plume, les deux auteurs développent un trait fouillé qui fait merveilleusement état de ce bouillonnement. Fourmillant de détails, chaque case rend compte de l'effervescence qui caractérise le Paris de la fin du XVIIIe siècle. Et quand il s'agit de représenter un événement majeur comme la prise de la Bastille, c'est carrément au grand format qu'ils s'attellent.

L'art du bédéiste

Les nombreux repentirs et retouches sur les planches originales attestent d'un travail "à l'ancienne", sans palette graphique. Ce dessin minutieux est nourri de nombreuses heures de recherches dont témoignent plusieurs carnets de croquis exposés dans des vitrines au centre de la salle. Ces recherches sont aussi bien documentaires, sur les costumes de l'époque, que relatives aux expressions d'un personnage ou encore aux ambiances des ruelles du Paris de l'époque.

Tout cela nous démontre une fois de plus que la bande dessinée, qui fut pendant longtemps une expression artistique méprisée, nécessite de la part des auteurs de porter simultanément la casquette de réalisateur, scénariste, dialoguiste, accessoiriste, costumier, acteur, historien… Et, par conséquent, d'être sacrément doués !

Un peuple et sa Révolution
Au Musée de la Révolution française jusqu'au lundi 2 septembre


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