"Un jour de pluie à New York" : Grosse Pomme à l'eau signée Woody Allen

De Woody Allen (É.-U., 1h32) avec Timothée Chalamet, Elle Fanning, Kelly Rohrbach…


Ashleigh (Elle Fanning) a obtenu d'interviewer un réalisateur arty pour le journal de sa fac… à condition d'aller à Manhattan. Bonne nouvelle pour son petit copain Gatsby (Timothée Chalamet), qui leur organise un week-end en amoureux dans son New York chéri. Sur place hélas, rien ne se déroulera comme prévu…

Cette histoire d'un couple qui se remet en question à l'issue d'une nuit marquée par les tentations sentimentales erratiques de l'un des des deux partenaires dans un New York à la fois mondain et irréel, ça a un petit air de Eyes Wide Shut donc d'une relecture de La Nouvelle rêvée de de l'écrivain autrichien Arthur Schnitzler dont Stanley Kubrick s'était inspirée, accommodée à la sauce Allen. Mais Woody ayant déjà encensé son bien-aimé Manhattan dans toutes les hauteurs ne parvient plus à en offrir un regard qui ne soit à la limite de l'auto-citation, voire de l'auto-parodie.

Et si l'on doit admettre de ne frayer ici (une fois encore) qu'avec des démocrates érudits ayant des névroses de couple et résidant autour d'un Central Park réchauffé par les couleurs l'automne, faut-il en plus supporter des dialogues d'une prévisibilité caricaturale et inégalement pétillants ? Une photographie médiocre, artificielle, parfois franchement terne, prouvant que le numérique ne réussit pas au directeur de la photo Vittorio Storaro ? Le jeu tout en mimiques meg-ryannesques de Elle Fanning et la composition mimétique de Timothée Chalamet clonant la silhouette du metteur en scène (tenue marron-kaki-beige, mains dans les poches, tête dans les épaules…) ?

Et dire que ce "film de plus" est un rescapé ! Amazon s'est en effet désengagé du contrat passé avec Allen non pour des raisons artistiques, mais d'image publique et de "morale", en raison de la nouvelle salve d'accusations portées contre le cinéaste. Pire encore, les comédiens principaux ont renoncé à leur cachet pour désavouer ostensiblement Woody – et continuer à travailler à Hollywood-la-prude. Et si, au lieu de se préoccuper du sens du vent a posteriori, ils commençaient par lire les scénarios qui leur sont soumis ?


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