Musique classique : une saison, huit étapes

Avec des stars, des jeunes pousses, des compisteurs d'hier comme d'aujourd'hui...


Camille et Julie Berthollet

Le 27 décembre 2014, pour la première édition de Prodiges sur France 2 (une émission consacrée aux jeunes talents du classique), quatre millions et demi de téléspectateurs suivirent les mouvements d'archet de Camille Berthollet. Une virtuose de quinze ans qui, dans une robe rouge coquelicot, réchauffa l'hiver par son interprétation fougueuse de L'Eté des Quatre saisons de Vivaldi. Un choix gagnant qui lui assura un début de carrière fulgurant, mais pas solitaire.

Sur son premier opus bientôt disque d'or, elle associa ainsi sa sœur aînée Julie, également violoniste. Depuis, la surprenante paire construit des aqueducs où Schubert et Brahms côtoient Stromae et Nino Ferrer. Un programme cosmopolite qui, en dehors de refléter des goûts éclectiques, aspire en douce à faire venir les plus jeunes au classique.

Au Grand Angle (Voiron) mardi 8 octobre


Joachim Horsley 

Auteur de musiques pour le cinéma et pianiste dans l'ombre des succès de John Legend et Michael Bublé, l'États-unien Joachim Horsley tissa sa toile en postant en 2015 sur sa chaîne YouTube une vidéo intitulée Beethoven In Havana. Une version caliente de la Symphonie n° 7 qui sera likée plus de dix millions de fois. Après ce coup de maître où le kantor se retrouva sous les tropiques, il appuya cette veine à la fois classique et dansante sur son premier album Via Havana.

Ainsi, hors de toute frontière musicale, en combinant savamment aux mélodies célestes occidentales des rythmes terrestres afro-caribéens, sous ses doigts, la grande musique se décline en rumba.

À l'Auditorium du Musée de Grenoble dimanche 13 octobre


Ariodante – les Musiciens du Louvre

Avec dans le rôle-titre Anne Sofie von Otter, Marc Minkowski et les Musiciens du Louvre enregistraient en 1998 une version d'anthologie de l'Ariodante de Haendel. Près de 21 ans après, le chef familier du compositeur reprend la baguette pour rediriger, en version concert, les amours contrariées du chevalier Ariodante avec la fille du roi d'Écosse. Menace, secret d'alcôve et trahison : les feux dramatiques se succèdent et les airs pyrotechniques fusent. Écrit initialement pour la voix cristalline de Giovanni Carestini, castrat et rival de Farinelli, c'est cette fois à l'éblouissante mezzo-soprano Marianne Crebassa de revêtir l'armure du galant.

À la MC2 mercredi 20 novembre


Ensemble Correspondances

En réunissant le compositeur chanoine de Meaux et autodidacte Sébastien de Brossard et le musicien de la cour de Louis XIV Michel-Richard Delalande, le chef Sébastien Daucé signe avec son Ensemble Correspondances un programme éminemment spirituel. Bibliophile, c'est avec les livres que Sébastien de Brossard, auteur du premier dictionnaire de musique en langue française, apprit la composition. Retenu par les charges religieuses, ce n'est qu'à la fin de sa vie qu'il composa In convertendo : l'un de ses trois grands motets (chants d'église à plusieurs voix) qui, dans une riche instrumentation, appelle à la consolation. Avec soixante-et-onze grands motets sur la balance, Delalande fait quant à lui figure de poids lourd. Et sa version du Dies irae demeure parmi les plus belles pages de la musique liturgique.

À la MC2 jeudi 5 décembre


Quatuor Debussy

En juin 2016, à l'occasion du Festival de la Tour passagère à Lyon, les musiciens du Quatuor Debussy, après avoir goûté à la boxe en compagnie du chorégraphe Mourad Merzouki et à l'acrobatie avec les Australiens de Circa, choisissaient plus humblement de se mettre à l'ombre. Un concert chorégraphié et joué sans partition où de judicieux éclairages soulignent le clair-obscur de la lente Élégie de Chostakovitch, renforcent les violentes passions du Quartetto Serioso de Beethoven et magnifient les doux climats du Quatuor en fa majeur de Ravel. Beau programme.

À l'Odyssée (Eybens) mardi 21 janvier


Thomas Hampson

Magistral interprète à la diction parfaite du haut de ses graves moelleux et feutrés, le baryton Thomas Hampson incarne la musique et le verbe. Saisissant chaque vers, l'États-Unien offre par leur lecture une compréhension intime des mélodies. Un modèle de chanteur passionné, communicatif et érudit qui, à travers sa fondation Hampsong, « promeut le dialogue et l'entente interculturels par le biais de l'art du chant classique ».

Cette grande voix exprimera dans le récital accompagné par l'Amsterdam Sinfonietta l'expression du désir et de l'amour ressentie par Beethoven, Strauss et Schubert mais également l'esprit de la contestation que reflètent les Chants graves désenchantés et magnifiques de l'antifasciste allemand Hanns Eisler.

À la MC2 jeudi 13 février


Quatuor Tana

Apparu sur la scène musicale en 2004, le quatuor Tana se singularise par son engagement dans la création de musique d'aujourd'hui. Ainsi, à l'exception du Quatuor n°15 de Beethoven, il présente des œuvres résolument contemporaines et même d'actualité. La preuve avec cette soirée.

Écrit en 1966, le Premier quatuor de Philip Glass, où dénotent les influences de Webern et Stravinsky, ménage, entre ses grandes parties, un étrange piège de silence. Plus à l'est (en Estonie), avec Fratres, le compositeur Arvo Pärt invite au recueillement pour son frère de musique disparu, l'Anglais Benjamin Britten. Enfin, autre souvenir, celui terrible et traumatique du 11 septembre dont Steve Reich dans WTC 9/11 traduit la tragédie en diffusant au milieu des cordes la voix des victimes.

À la MC2 jeudi 2 avril


Insula orchestra

Avant que Beethoven, déçu par les visées autocratiques du français, ne reprenne sa dédicace, la Symphonie Héroïque (1805) fut intitulée Sinfonia grande, intitolata Bonaparte. Imposante, son ouverture fracassante et martiale célèbre le souvenir et la vie d'un héros. Une œuvre considérée comme l'une des premières du mouvement romantique et dont la cheffe Laurence Equilbey explorera sur instruments d'époque avec l'Insula Orchestra les passions et les espoirs.

Un lyrisme que reflète aussi le Concerto pour piano et orchestre que Clara Schumann composa à l'âge de quatorze ans. La prodigieuse Vénézuélienne Gabriela Montero, connue pour ses talents d'improvisatrice, interprètera sur piano ancien ce trésor caché.

À la Rampe (Échirolles) vendredi 17 avril


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Grenoble : 33 concerts pour un automne musicalement dense et varié