"Homeless songs" : Stephan Eicher sans toit ni loi

Le chanteur suisse est enfin de retour sur disque. Et quel retour, comme il le prouvera jeudi 17 octobre sur la scène du Grand Angle de Voiron.


C'est un art que de savoir cultiver l'absence. Ces sept dernières années sans disque, Stephan Eicher les a comblées en faisant offrande de sa personne en une sorte de geste contre-voulzyenne. Rendu à l'impossibilité de donner un successeur à L'Envolée (2012), par quelque imbroglio avec sa maison de disques virant à la dispute d'apothicaires, le Suisse a occupé le terrain de l'absence en surinvestissant la scène. Jusqu'à en épuiser les possibilités : ici une formule à automates, là un orchestre balkanique et une beatboxeuse (expérience qui verra quand même naître un album d'auto-reprises fanfare-onnes baptisé Hüh).

Rangé des querelles contractuelles, voici enfin que reparaît sans avoir jamais disparu le barde bernois. Discographiquement s'entend. Le single Si tu veux (que je chante), caressé de cordes sensibles, nous avait mis sur la voix de ces Homeless songs qui enfin trouvent un abri. S'étirent en plusieurs langues, le français investi par le double Philippe Djian, le Bernois par un autre écrivain : Martin Suter.

Car l'abri est loin d'un carcan, qui permet aux chansons de se faire haïkus sous la minute ou d'étaler leur douce langueur blessée hors de l'embarras du format radio-édité ou du refrain obligé. Ici pas de tubes, juste des symphonies de poche pour voyager loin. Voyager en paix.

Stephan Eicher (quatuor à cordes)
Au Grand Angle (Voiron) jeudi 17 octobre à 20h


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