"aSH" : sacrée danse par Aurélien Bory et Shantala Shivalingappa

Le chorégraphe Aurélien Bory réalise souvent des portraits dansés de femme. Après Stéphanie Fuster et Kaori Ito, il a travaillé avec l'interprète indienne Shantala Shivalingappa. Le résultat est un solo envoûtant à découvrir à l'Hexagone de Meylan.


Une danseuse, au centre du plateau, devant une immense feuille de papier kraft qui sert de toile de fond. Elle s'appelle Shantala Shivalingappa, est indienne. Le chorégraphe Aurélien Bory (l'un des grands noms de la danse contemporaine française à l'aura internationale, et surtout un artiste qui soigne tout particulièrement ses scénographies) l'a rencontrée en Allemagne en 2008, alors qu'elle dansait dans la compagnie de l'immense Pina Bausch. Coup de foudre.

« La danse de Shantala est faite de ce parcours entre le kuchipudi [une danse traditionnelle indienne – NDLR] et Pina Bausch, entre l'Inde et l'Europe, entre Shiva et Dionysos dont d'aucuns disent qu'ils sont issus d'un seul et même dieu », écrit le chorégraphe en note d'intention – nous souhaitions l'interviewer, mais son emploi du temps très rempli et notre demande tardive en ont décidé autrement ! Ensemble, ils ont construit ce solo autour de la cendre (d'où le titre Ash, à lire en anglais) et mis en place un captivant livre d'images.

Shiva & co

Car aSH n'est pas un portrait au sens littéral du terme, comme peuvent l'être par exemple ceux que propose le chorégraphe Jérôme Bel, qui demande à ses interprètes de raconter leur vie sur scène. Ici, c'est par la danse que Shantala Shivalingappa s'exprime. « Elle incarne Shiva qui permet au monde de se manifester et à l'espace de danser. »

Une danse sacrée, donc, d'une grande précision dans les gestes, qui prend peu d'espace mais habite l'espace avec force. Et qui se retrouve renforcée par le choix de la musique live, jouée tant par le percussionniste Loïc Schild présent en bord de plateau que par le décor lui-même qui sert de percussions géantes. En découle une sorte de cérémonie qui matérialiserait aussi bien la mort que la renaissance. Et un grand spectacle.

aSH
À l'Hexagone (Meylan), mardi 26 et mercredi 27 novembre à 20h


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