Proxima

De Alice Winocour (Fr.-All., 1h47) avec Eva Green, Matt Dillon, Sandra Hüller…


Sélectionnée pour une mission d'un an à bord de l'ISS, la spationaute Sarah Loreau s'entraîne intensivement. Mais elle doit composer avec un paramètre de plus par rapport à ses collègues masculins : le fait d'être mère. Et anticiper la séparation d'avec sa fille Stella s'avère compliquée…

À la toute fin de son film, Alice Winocour fait défiler les portraits des femmes astro-cosmo-spationautes posant avec leurs enfants. Si le doute subsistait encore, son intention était bien avec Proxima d'inscrire la situation particulière de la mère (et donc de la femme) dans la conquête spatiale particulièrement, et dans le milieu professionnel en général. Signant un film hautement documenté sur la marche d'une mission – on n'a d'ailleurs rarement vu les protocoles aussi bien détaillés, et sans la poudre aux yeux hollywoodienne –, la cinéaste fait pourtant de ce barnum un sujet satellite. En effet, c'est autant à la symbolique "ombilicale" de l'arrachement – le terme revient d'ailleurs dans le vocabulaire astronautique – avec toutes ses dérivées (naissance, fin de l'enfance, deuil…) qu'aux rapports entre les genres que Proxima renvoie. Surtout pour Stella dont la mère vise Mars et le père travaille sur… Vénus.

En plus de sa distribution internationale, pour une fois logique du fait du sujet et du contexte, Alice Winocour élargit les horizons en confiant la bande originale à Ryūichi Sakamoto, dont les nappes synthétiques traduisent parfaitement l'indicible inquiétude de l'héroïne contrariant ses ambitions de planer. Un bémol toutefois sur une légère incohérence scénaristique finale consentie pour favoriser un rebond dramatique et sentimental : ce genre de petit arrangement avec la vraisemblance rend souvent caducs les milliers d'efforts entrepris auparavant pour asseoir une fiction dans la réalité.


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