Jeune Juliette

D'Anne Émond (Qué., 1h37) avec Alexane Jamieson, Léanne Désilets, Robin Aubert…


Précoce et obèse, Juliette souffre d'une vie qu'elle juge médiocre, banale et quasi solitaire, malgré un père aimant et un grand frère vaguement protecteur. L'approche des vacances d'été exacerbant les sentiments, des déclarations d'amour vont éclore en tous sens. Parfois inattendues.

Si vous êtes familier du journal Spirou, vous connaissez sans doute les BD Tamara (dont l'héroïne est en surpoids) et surtout Les Nombrils du duo québécois Dubuc & Delaf narrant le quotidien de lycéennes ; Jeune Juliette s'inscrit précisément à l'intersection de ces deux séries en jetant sur l'âge des possibles un regard certes bienveillant mais dénué de complaisance ou d'hypocrisie.

Anne Émond filme davantage que son excellente comédienne Alexane Jamieson : elle capte l'absence d'une mère carriériste et le manque qui en découle, la naissance du désir ou l'angoisse de ne pas être désiré, mais aussi les instants de solitude et les blessures narcissiques propres à l'adolescence. Sans donner l'impression de faire catalogue ni un film à thèse, la cinéaste aborde nombre de situations d'exclusion liées à une singularité (orientation sexuelle, apparence physique, handicap social etc.) auxquelles l'entourage et l'intelligence apportent des résolutions. « Il faut que le cœur se brise ou se bronze », disait Chamfort. Celui de Juliette a le temps de connaître les  deux. Une chance ? Une marque supplémentaire de sa précocité, en tout cas.


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