Jodorowsky's Dune

Réputé inadaptable au cinéma, "Dune", le grand roman de science-fiction, l'a pourtant été par David Lynch. Mais, avec lui, c'est le Chilien Alejandro Jodorowski qui s'y était essayé. La preuve vendredi 13 décembre au CAP (Voreppe).


Tous les arts comptent leur lot d'œuvres maudites bénéficiant, avec le temps et indépendamment de leurs qualités intrinsèques, d'un prestige supplémentaire du fait de leurs conditions de fabrication ou de réception. Au cinéma, les exemples sont hélas légion. Qu'il s'agisse des films mal reçus en leur temps pour avoir coulé producteur ou studio (La Porte du Paradis), de ceux ayant la réputation d'avoir "tué" leur vedettes (The Misfits, ayant eu raison en quelques mois de Gable et Monroe) ou pire encore, de ceux jamais tournés malgré leur attirante affiche. Ces promesses de films sont autant de frustrations pour le spectateur que de possibilités pour lui de fantasmer l'œuvre parfaite. Au reste, il vaut mieux parfois que le film demeure dans les limbes de la création, à l'instar du malheureux The Man Who Killed Don Quixote de Terry Gilliam, dont la poisseuse genèse aura au moins donné naissance à Lost in La Mancha.

Le cas du Dune de Jodorowsky est différent : s'il n'a jamais vu le jour "directement", il a infusé en profondeur le cinéma des années 1970 et 1980 et influencé quantité d'œuvres de science-fiction. Bénéficiant d'un crédit illimité du producteur Michel Seydoux, le chaman chilien avait vu non pas grand, mais immense, pour son adaptation de Frank Herbert : de Dalí à Moebius, des Pink Floyd à Orson Welles, de Dan O'Bannon à Amanda Lear… Grâce à Frank Pavich, on découvre en salivant l'ébauche de ce projet faramineux mort-né dont les rejetons stellaires s'appellent Star Wars, Alien, Dune de Lynch, Blade Runner… Un précieux chaînon manquant que ce documentaire permet de ne pas manquer…

Jodorowsky's Dune
Reprise vendredi 13 décembre au CAP (Voreppe), à 20h30


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"Le Cristal magique" : comme de l’eau de roche