Dévotion au dancefloor

Conciliant à la perfection la chaleur du son de Chicago et le minimalisme dépouillé propre à la scène de Détroit, Theo Parrish reste, plus de 25 ans après ses débuts, l'un des artistes électroniques les plus adulés des connaisseurs. Il se produira ce samedi à la Belle électrique pour un DJ-set "all night long", bien parti pour marquer les mémoires.


Il y a d'un côté les DJs/producteurs qui remplissent les stades. Et de l'autre ceux qui sont capables, en toute circonstance ou presque, de faire vibrer à l'unisson le cœur du plus exigeant des puristes comme celui du néophyte le plus complet. La deuxième catégorie est, on s'en doute, bien plus clairsemée que la première. Ce qui n'empêche pas pour autant Theo Parrish, 47 ans au compteur, d'y trôner au sommet depuis maintenant plusieurs décennies.

Grandi dans les quartiers sud paupérisés de Chicago, il est aux premières loges pour assister à l'émergence de la house music dans les années 80, mais également comprendre grâce à son oncle, le jazzman Dexter Sims, les liens qui la relient aux différents styles de musiques noires (jazz, soul, funk, disco…) qui l'ont précédée. Après une adolescence consacrée à s'initier aux rudiments du deejaying et de la production, Parrish bénéficie d'une bourse pour étudier au Kansas City Art Institute, au sein duquel il se spécialisera en sculpture sonore. À sa sortie, en 1994, c'est dans l'espoir de trouver un travail alimentaire plus facilement qu'il décide de s'installer à Détroit.

Á nul autre pareil

Á ce stade, tous les éléments qui vont constituer le style reconnaissable entre tous de Theo Parrish sont déjà présents. D'une part, une méticulosité et un goût combiné pour le perfectionnisme et l'innovation permanente, qui vont faire de chacun de ses morceaux de véritables trésors d'orfèvrerie musicale. Et de l'autre, un engagement politique qui lui fait comprendre très vite que les différentes formes musicales qu'il défend sont indissociables du contexte socioculturel qui les a vu naître.

C'est pour ces raisons qu'il décide, dès ses premiers succès, de fonder son propre label Sound Signature, afin de préserver son indépendance. Pour ces raisons également que ses productions, en dépit de leur sophistication, gardent toujours ce côté brut et rugueux qui les distingue du tout-venant. Et pour ces raisons, enfin, que ses DJs-sets, aussi éclectiques que dansants, restent rétifs à toute forme de concession, monotonie ou formatage.

Theo Parrish All Night Long
Á la Belle électrique samedi 14 décembre, à minuit


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