Drôles de mamans

De retour à Grenoble, Valérie Vagné et Émilie Geymond s'amusent à secouer le cocotier de la maternité. Les femmes qu'elles incarnent sont sincères, mais bien loin d'être parfaites. Autant en rire avec elles !


Valérie Vagné approche de la cinquantaine. Cela ne la traumatise pas, mais elle raconte – avec le sourire – qu'elle trouve désormais quelque peu incongru d'être sur scène dans un rôle de jeune maman. La plaisanterie dure pourtant depuis une dizaine d'années : c'est en effet en 2010 qu'elle a écrit Les mères veillent, ce spectacle qu'elle joue en duo avec Émilie Geymond, sa fidèle complice en (fausse) indignité maternelle. Pas question d'accabler les comédiennes pour le comportement discutable de leurs personnages : on sait que c'est pour rire ! L'auteure assume un petit côté grinçant, parfois mal compris : sa comparse et elle ont beau s'habiller en rose pour afficher leur fantaisie, il arrive que certains membres du public prennent leurs blagues très au sérieux. Allez savoir, peut-être qu'il n'est pas facile de rire avec celui qui se moque de vos propres travers…

Tendre ironie

Une mère qui refuse d'aller chercher son enfant perdu dans un grand magasin, une autre qui s'est fait un lifting sans assumer vraiment sa maternité, une troisième qui cache un ballon sous ses vêtements pour avoir une place assise dans le bus… Les différents modèles choisis par Valérie ne sont pas franchement des exemples à suivre pour prétendre au titre de maman idéale. « Il n'y en a pas une pour rattraper l'autre », confirme l'intéressée. Toute ressemblance avec des personnes réellement existantes n'est pas fortuite : avec une tendre ironie, celle qui a imaginé toutes ces femmes imparfaites dit avoir d'abord observé ses copines pour mieux les caricaturer. Dans ce petit monde, les hommes s'en sortent plutôt bien, même s'ils sont laissés à l'écart, sans rôle apparent. Une exception qui confirme la règle : l'une des saynètes tourne autour du compagnon d'une femme insatisfaite de la manière dont il s'occupe de leur enfant. Le pauvre est alors dirigé à 5 000 km de distance, par webcam interposée ! Valérie et Émilie, elles, font un autre usage de l'outil numérique : elles vont lancer une fausse télé sur Internet pour diffuser leurs conseils maternels décalés.    

Les Mères veillent
Au restaurant À l'envers (Grenoble) jeudi 19 décembre, à 19h30


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