"Le Parrain, 2ème partie" : Premiers pas dans la mafia


La chose semblera aberrante à notre époque mondialisée, où n'importe quel film se retrouve simultanément sur tous les écrans du globe, mais il fut un temps où les plus grandes productions états-uniennes prenaient plus de six mois pour traverser l'Atlantique. Ainsi, afin de découvrir la seconde époque de la saga mafieuse de Coppola, les spectateurs français durent attendre août 1975, soit 8 mois après la "première" californienne. Presque trois fois plus longtemps que ce que le public du Ciné-Club aura eu à patienter entre Le Parrain et sa suite ! Le film est programmé mercredi 8 décembre à 20h au Cinéma Juliet-Berto.

C'est précédé d'une moisson d'Oscars inédite pour une suite, justement, que Le Parrain, 2e partie, débarque sur les écrans hexagonaux : auréolé de la statuette du meilleur film et meilleur réalisateur, doublement en lice avec Conversation secrète (qui avait ravi la Palme d'Or l'année précédente), le tout juste quadragénaire Francis Ford Coppola a triomphé d'une cérémonie consacrant le Nouvel Hollywood. Mais si les films de ou avec Mazurski, De Niro, Scorsese, Tavoularis figurent au palmarès, celui de Coppola est paradoxalement un parangon de nostalgie. Non seulement il prolonge l'univers visuel ambré de la famille Corleone à la fin des années 1950 voyant l'ascension de Michael, mais il raconte aussi en parallèle l'enfance et l'avénement de son père Vito, fondateur de la "famille". À la fois prologue et épilogue du Parrain initial, il offre la science de la couleur (merci Gordon Willis), l'audace narrative des sixties et le jeu de l'Actor Studio au film noir classique ; une de ces synthèses fédératrices qui emballent et résistent au temps parce qu'elles appartiennent à toutes les époques. Un film qu'on ne se contente pas de voir : qu'on revoit.


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