Oiseaux de foi

Après un premier album en 2014 et d'interminables tournées, le duo formé par Rosemary Standley et Dom La Nena, Birds on a wire, revient avec Ramages, nouvelle salve de reprises qui exhume quelques trésors (parfois cachés) de la musique populaire mondiale. À découvrir en avant-première live à l'Ilyade.


Il n'était pas forcément question que le projet fut pérenne. On pensait alors que le joli pas de deux dansé, enfin chanté, par Rosemary Standley (alors en pleine bourre Moriarty) et la chanteuse et violoncelliste Dom La Nena, baptisé Birds on a wire, serait l'affaire de quelques soirs. Une tournée, tout au plus. Le concept, élaboré, était de ce genre qui s'épanouit dans l'éphémère : reprendre à deux voix et un violoncelle quelques classiques de la musique populaire, à entendre au sens large, ratissant les genres et les époques.

Où l'on croisait John Lennon et Purcell, Os Mutantes et Tom Waits, Victor Jara et Leonard Cohen. Des concerts comme dans un boudoir, pieds nus sur des tapis, réchauffé à la bougie ou presque, le temps de quelques instants de grâce live et comme un oiseau sur la branche s'envole. Oui, mais voilà la chose plaît, s'étale sur un disque en 2014, parce qu'il serait dommage de ne pas figer la grâce lorsqu'elle apparaît. Puis les concerts reprennent, entre d'autres projets en solo, le répertoire s'étend presque à l'infini. Que tente de contenir ce Ramages à venir en février.

Po(p)litique

Un tour du monde musical, un voyage dans le temps, une leçon de choses au copieux menu où s'entremêlent dans le folklore désormais propre au duo, Jacques Brel et des traditionnels breton et catalan, Leonard Cohen, encore, Gabriel Fauré, les Pink Floyd et leur Wish you were here. Quelques grandes figures aussi de la pop italienne (le chanteur communiste Gino Paoli, Lucilla Galeazzi) ou sud-américaine (Gilberto Gil forcément, JC Pereira Conde et sa Marelle – premier extrait du disque – la Chilienne Violetta Para, le Vénézuélien Simon Diaz) ou des folkeuses américaines de la première vague : Elizabeth Cotten inventeuse du "Cotten Picking" – gauchère, elle tenait sa guitare à l'envers –, l'activiste Florence Reece dont le Which side are you on ?, ici repris, fut la bande-son de la Harlan County Strike, immense grève de mineurs dans le Kentucky des années 30.

Il y aurait ainsi presque quelque chose de po(p)litique dans le choix d'artistes pas toujours très connus accompagnant bien souvent une histoire sociale ; dans le fait d'aller exhumer des titres rares (le Floyd mis à part), qui font sens, se coulent naturellement dans la matrice Birds on a wire. Dans le prolongement de ce projet devenu profession de foi, il n'y a plus de hasard au fait que ses oiseaux aient décidé de prendre racine sur la branche pour explorer plus profondément celles de la musique populaire.

Birds on a Wire
À l'Ilyade (Seyssinet-Pariset) vendredi 24 janvier, à 20h30


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