Le Photographe

De Ritesh Batra (Ind.-All.-É.-U., 1h49) avec Nawazuddin Siddiqui, Sanya Malhotra, Farrukh Jaffar…


Modeste photographe des rues de Bombay, Raphi tombe sous le charme de Miloni, appartenant à une classe supérieure. Pourtant, la jeune étudiante accepte de jouer le rôle de sa fiancée dans le but de persuader la grand-mère de Raphi de continuer à prendre ses médicaments…

Ritesh Batra a une cote pas possible depuis le succès de The Lunchbox (2013). Tant mieux pour lui : cette aura lui a déverrouillé les portes trop hermétiques du cinéma occidental et permis de tourner avec des pointures (Redford, Fonda, Dern, Rampling, Broadbent etc.), pour des résultats hélas mitigés – en témoigne À l'heure des souvenirs (2018). De retour au bercail avec une comédie oscillant entre portrait social et conte romantique, Batra semble fort soucieux de respecter le cahier des charges d'un film "concernant" portant sur la survivance d'un système violemment hiérarchisé en Inde, où chacun a intégré dès la naissance l'étanchéité des castes et l'impossibilité de lutter contre ce déterminisme. Au  tableau de la vie misérable chez les plus pauvres répond ainsi celui des "petits bourgeois" urbains jouant aux colons méprisants vis-à-vis de leurs concitoyens issus des villages.

Plus transversale est la figure de l'autorité patriarcale, se superposant volontiers au pouvoir économique et/ou intellectuel pour imposer son désir, libidineux ou non, sur les femmes. Heureusement, Raphi tranche en étant plus que respectueux avec Miloni, laquelle se démarque en affichant une indifférence pour la question des classes – mais comme elle semble indifférente à tout, le brave Roméo n'a pas à s'en réjouir pour autant ! Du fait de l'indolence systémique de la belle, la romance en prend un coup. Mais ce n'est pas le seul grief que l'on peut faire à ce film souffrant d'étranges ellipses et d'une réalisation parfois hasardeuse. Comme un parfum d'inachevé…


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