Rachid Ouramdane : « Une autre dimension »


Ce spectacle, c'est de la danse ? Du cirque ? Autre chose ?

Rachid Ouramdane : Vous le savez : avec Yoann Bourgeois, circassien, je dirige le Centre chorégraphique national de Grenoble. Cela dit, lui et moi n'aimons pas trop nous rattacher à une discipline. Ce qui nous réunit d'abord, c'est un art du geste, virtuose ou minimal. C'est d'inventer une poétique de la scène ou de l'espace public. Un art qui privilégie le mouvement, au sens large. J'espère qu'en voyant les XY, on ne se pose pas toutes ces questions disciplinaires…   

On a l'impression que tout est réglé au millimètre. Reste-t-il une part pour l'imprévu ?

Une petite, mais c'est également cette mécanique extrêmement complexe qui fait la singularité de ce spectacle. Ces "murmurations" m'obsèdent depuis des années : j'ai travaillé cette question avec de grands ensembles comme le Ballet de l'Opéra de Lyon, le Ballet de Lorraine et ma propre compagnie, mais nous restions au sol. Là, ça a pris une autre dimension ! C'est aussi quelque chose que ces acrobates recherchaient : une sorte d'effet de morphing, pour rompre avec la tradition circassienne des numéros les uns après les autres et proposer alors une forme de continuum. On a aussi voulu travailler une sorte d'effet papillon : ce qui touche l'un d'entre eux fait presque toujours écho sur l'ensemble du groupe. Les circassiens me fascinent pour leur capacité à se mettre à la disposition l'un de l'autre. Comment fait-on communauté ? C'est aussi ce dont parle ce spectacle.      

Finalement, l'émotion, elle, est bien là…

Il y a effectivement des jaillissements, doubles, d'ailleurs : malgré quelques moments euphoriques, il m'arrive de rencontrer des gens aux yeux humides après certains passages.


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