Grand homme


Voilà un spectacle d'humour atypique que l'on a découvert l'été dernier au Festival d'Avignon, et qui nous a presque reposés. Car ici, pas de vannes débitées à la chaîne pour laisser croire au public qu'il en a pour son argent (et lui faire mettre la plus haute note sur les sites de billetterie), mais un amuseur qui prend son temps. Et surtout le temps d'installer son monde. Avec son Deux mètres et davantage de liberté (deux mètres pour sa taille) qu'il tourne depuis trois ans, Réda Seddiki parle ainsi de notre société avec un regard aux entournures poétiques, notamment lorsqu'il évoque l'amour contemporain facilement jetable – « Clemenceau disait : "Le plus beau moment de l'amour, c'est quand on monte l'escalier". Qui a inventé l'ascenseur ? »

Un univers défendu avec un sens du jeu presque nonchalant mais paradoxalement solidement maîtrisé qui permet à cet Algérien installé en France (il est venu à la base pour étudier les mathématiques) d'aborder également des thèmes plus politiques (l'immigration, le vivre-ensemble…), là aussi sans chercher l'acidité à tout prix mais simplement en faisant rire avec situations ubuesques, comme le fait que son titre de séjour expirera avant son permis – « Je pourrai donc rester en France… mais dans ma voiture ! » Reposant donc et, par là même, pertinent.

Deux mètres et davantage de liberté
À la Basse cour du jeudi 13 au samedi 15 février, à 20h30


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"L’Œil égaré" : Hugo délire