"Elle pas princesse, lui pas héros" : uniques en leur genre

Avec "Elle pas princesse, lui pas héros", le metteur en scène Johanny Bert a conçu un spectacle tout public qui déconstruit habilement les questions de genre – en gros, qu'est-ce qu'être un garçon et qu'est-ce qu'être une fille ? On l'a interviewé avant son passage par une école de La Tronche.


« Sur l'impulsion du Centre dramatique national de Sartrouville, j'ai demandé à Magali Mougel, autrice que j'aime beaucoup, d'écrire deux monologues – un pour un comédien et un pour une comédienne – sur l'idée de l'identité garçon-fille vue sous l'angle de l'enfance. De là est né Elle pas princesse, lui pas héros. » Depuis 2016, ce spectacle tout public connaît un immense succès en France (déjà quelque 400 représentations) et même au-delà – il a été adapté à New York, où il tourne toujours. À sa tête, le metteur en scène Johanny Bert, que l'on a interviewé après avoir été plus qu'enthousiaste à la découverte de sa création.

« Magali a écrit un texte fort qui pose les clichés que les enfants ont, mais aussi que les adultes peuvent, inconsciemment ou non, véhiculer – un garçon doit être comme ça, une fille doit se comporter comme ça… » Où l'on suit pendant une heure l'histoire de deux gamins qui, a priori, ne respectent pas les codes de leur genre – « Leili était petite, elle aimait les jeux d'aventure et rêvait d'aller chasser des oiseaux dans la forêt ; Nils, quant à lui, était un garçon plutôt fragile qui aimait avoir les cheveux longs et les sentir voler au vent » (extrait de la note d'intention). Ils nous racontent leur monde, avec tendresse, et questionnent ainsi indirectement les spectateurs et spectatrices sur leurs propres normes.

Deux salles, deux ambiances

Voilà pour le fond. Mais ici, la forme compte tout autant, comme elle a été l'un des points de départ lors de l'écriture. « Il y a deux groupes de spectateurs dans deux salles différentes avec deux parties qui durent en gros une demi-heure, et chaque groupe inverse ensuite pour avoir l'autre versant de l'histoire. » Une aventure qui peut (et doit) se jouer partout. « C'est vraiment un spectacle conçu pour des lieux qui ne sont pas des théâtres, comme des écoles par exemple. Il n'y a pas d'éclairage, pas de décor… C'est un comédien, un texte, un groupe de spectateurs et voilà. Pendant les rencontres qui suivent la représentation, les enfants demandent toujours aux comédiens si c'est leur vraie histoire, comme s'ils n'étaient pas allés au théâtre ! »

Pourtant, ils y sont bien allés et en ressortent, comme les adultes qui n'ont pas peur de réfléchir sur l'identité de genre (un thème heureusement de plus en plus présent dans le débat public), avec de la matière à penser donnée dans une forme on ne peut plus ludique. Et c'était le cas le jour où nous l'avons vu, admiratifs du sens du timing des interprètes : vous comprendrez sur place !

Elle pas princesse, lui pas héros
À l'école Coteau (La Tronche) vendredi 21 février à 19h30 ; programmation hors les murs de la Faïencerie


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