Meilleur espoir

Retour en grâce pour les Tindersticks dont le tout chaud "No Treasure but Hope" est une nouvelle pierre dans une discographie qui explore les confins de la mélancolie, où broyer du noir rime avec espoir.


Voilà quatre ans qu'on n'avait plus eu de nouvelles des Tindersticks : depuis The Waiting Room – dont le titre énonçait une invitation à la patience. Avant cela, on avait déjà pu constater un ralentissement de la part du groupe de Nottingham, depuis quelques albums. Une raréfaction que venaient masquer quelques live (à San Sebastian, à la Philharmonie de Paris) et des recueils d'anciens morceaux ré-enregistrés (Across Six Leap Years).

Une frustration aussi que vint soigner la production solo de leur leader-chanteur Stuart Staples, installé depuis des années au cœur de la Creuse. Dans l'intervalle, Staples avait commis Singing Skies, un livre cosigné avec sa femme artiste-peintre ; un album, Arrhytmia, tout en expérimentation et dynamitage des formats (quatre morceaux de 5 à 30 minutes) ; puis, dans la foulée, la BO hypnotique du High Life de Claire Denis (dont, avec ou sans les Tindersticks, il a composé la plupart des scores depuis 25 ans).

Dans une interview à notre édition lyonnaise, à l'occasion de son passage au dernier Petit Bulletin Festival à la Chapelle de la Trinité de Lyon, Staples confiait combien, après ces années de repli monacal et de création en solitaire, il avait hâte de retrouver ses compagnons et la dynamique collective. Il avait d'ailleurs réduit sa tournée Arrythmique à son seul concert lyonnais pour accélérer les retrouvailles.

Sous le soleil

Et voilà donc les Sticks de retour sur scène avec une nouvelle splendeur de poche, No Treasure but Hope, tissée de comptines pour adultes et de berceuses éthyliques, lorgnant davantage vers la pop de chambre que vers les bourrasques de cordes des débuts – Pinky in the Daylight et Tree Falls faisant figure de douces exceptions.

Un disque qui démontre à quel point, après trente ans, les Tindersticks continuent à creuser un sillon sinueux dont on ne sait jamais très bien où il va nous emmener, sinon au bord des larmes (Trees Fall, Pinky in The Daylight), abandonnés à l'étreinte de la mélancolie (The Old Mans Gait), penchés au-dessus du gouffre de la crise de nerfs (See my girls, For The Beauty), dans un entre-deux de la conscience (Take Care in Your Dreams), aussi perdus qu'éperdus.

En somme, et c'est heureux, rien de neuf sous le soleil des Tindersticks – un soleil au contact duquel on ne risque guère l'insolation, lumière voilée dardant ça et là un rayon entre les nuages pour réchauffer sans les brûler l'atmosphère et les cœurs. Ici, les Tindersticks, comme le titre de l'album l'annonce et sa chanson de clôture le psalmodie, ne promettent pas de trésors clés en main, mais de l'espérance. Par les temps qui courent, qui oserait refuser ?

Tindersticks + Thomas Belhom
À la Belle Électrique mardi 10 mars, à 20h


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