Double trouble

Surprise au Studio Spiral : la photographe Pascale Cholette réalise deux prises de vue sur un seul et même négatif, pour donner vie à des images étonnantes.


La photographe Pascale Cholette distingue deux grands corpus dans sa production : ce qui est "réel" et ce qui est "imaginé". Si le premier s'attache plutôt à une approche documentaire, le second met en avant des images fabriquées, mises en scène, tirant parti de certains effets proprement photographiques. Intitulée Je ne vois que du silence, la série exposée au Studio Spiral se revendique de la seconde approche. En effet, la photographe grenobloise y explore le procédé de la double exposition sur pellicule argentique et réalise donc, pour chaque image, deux prises de vue sur une même portion de négatif. Bien qu'elle s'évertue, lors de la prise de vue, à anticiper les effets qui apparaîtront à la surface de l'image, ce procédé donne lieu à des compositions dont le hasard (le plus sympathique des complices) contribue à produire des photographies oniriques sur lesquelles notre regard de spectateur glisse comme dans un rêve. L'appareil photo, dont on fait naturellement usage pour conserver la mémoire d'un instant, devient ici au contraire un outil à produire du trouble, de l'ambiguïté : les textures et les référents s'entre-mêlent confusément, comme si la temporalité qui s'immisce entre les deux prises de vue venait brouiller les pistes et pervertir la résurgence d'un possible "instant décisif".

Je ne vois que du silence (Pascale Cholette)
Au Studio Spiral jusqu'au 21 mars


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