Les Bêtes du sud sauvage


Alors que vient d'être présenté au festival Sundance le nouveau film de Benh Zeitlin, Wendy, inspiré par l'histoire de Peter Pan, la Cinémathèque nous propose à la faveur de son bien utile Cycle Planète Terre de nous replonger dans celui par lequel le jeune cinéaste, pas alors trentenaire, avait été révélé en 2012 : Les Bêtes du sud sauvage. Judicieusement sélectionné dans la section Un Certain Regard, ce premier long métrage avait chamboulé la Croisette et ravi la Caméra d'Or, avant de concourir (sans grand succès) aux Oscars, porté par le lyrisme flamboyant des images et l'interprétation estomaquante de la très jeune Quvenzhané Wallis, 6 ans au moment du tournage. Cet aspect "phénomène" relève de l'anecdote et ne doit pas occulter l'essentiel : la force visuelle de ce grand drame épique vécu à hauteur d'imaginaire d'enfant, où le réel se trouve contaminé par les fantasmes, les peurs, les rêves et les croyances de la petite héroïne. Un chant poétique dans un champ de désolation, celui des bayous minés par la misère sociale, ravagés par les éléments, sous la menace supplémentaire d'une cavalcade d'animaux archaïques libérés de leur gangue de glace par le réchauffement climatique…

C'est le petit miracle de ce film que d'offrir cette lecture multiple : on peut se laisser porter par le fil un peu décousu du récit et son abstraction onirique. Et l'on peut voir dans cet opéra pré- et post-cataclysmique l'illustration des ravages de l'urbanisation (si l'on ose employer ce terme pour qualifier les constructions mal torchées à destination des plus pauvres des pauvres) en zone inondable quand l'industrialisation fait fièrement exploser les maxima boursiers et les relevés de température. Deux grands films en un.

Les bêtes du Sud sauvage
Au cinéma Juliet-Berto vendredi 21 février, à 20h


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