Trois étés

De Sandra Kogut (Br.-Fr., 1h34) avec Regina Casé, Otávio Müller, Gisele Fróes…


Brésil, de nos jours. Gouvernante pour les fortunés Edgar et Marta, Mada organise chaque été avec brio leur traditionnelle fête de Noël. Son patron se retrouvant mis en cause dans des malversations financières, Mada va devoir administrer la luxueuse résidence comme elle peut…

Comédienne brésilienne de tempérament (elle fut en 2001 la polygame Dona Linhares du truculent film d'Andrucha Waddington), Regina Casé porte de toute sa faconde et de son caractère pétulant cette chronique tragi-comique s'écoulant, comme son titre l'indique si bien, sur trois Noël austraux. Trois séquences placées bout à bout, dont les contrastes sont accentués par les ellipses, où le non-dit suggère tant de choses : du faste de la première année à son abandon et la débrouille qui suivent, le domaine tombe aussi vite en déliquescence que les masques. Si propre sur lui en apparence, Don Edgar s'avère un escroc en col blanc de la pire espèce.

Au-delà d'une représentation des "deux mondes" (bourgeoisie/domesticité) lointainement hérité de La Règle du jeu, et plus récemment de l'excellent Domingo (déjà au Brésil), voire du plus discutable Les Bonnes Manières, Trois étés évoque la corruption des élites, leur impunité relative également face à une justice… ductile et l'abandon des classes populaires. Rien de bien nouveau, mais peut-être qu'à force de montrer les ravages de ploutocraties populistes, ça finira par rentrer dans l'esprit des citoyens. Surtout en période électorale.


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"Kongo" : ombres et justice