La culture au centre des discussions

Candidat à sa réélection, Éric Piolle affronte six concurrents dimanche, au premier tour de l'élection municipale. Lors notamment de débats à l'Ampérage et au Théâtre Prémol, ses rivaux, à droite et à gauche, l'ont attaqué sur son bilan culturel. Un sujet majeur pour la future municipalité.


Il avait créé la surprise en l'emportant en 2014. Éric Piolle défend son bilan culturel et veut aller plus loin, témoignant notamment de sa volonté de créer une bibliothèque tête de réseau, d'étendre la logique des comités d'avis pour l'octroi des subventions ou de créer un poste spécifique pour aider les associations socioculturelles à obtenir des financements européens, étatiques et des autres collectivités territoriales. Le chef de la majorité sortante salue son adjointe aux cultures, Corinne Bernard, qui a choisi de ne pas se présenter. De son propre aveu, tout n'a pas été simple au début : il ne réorganisera sans doute pas de "Chantiers de la culture", ces grand-messes qui, au début du mandat bientôt écoulé, ont réuni citoyens curieux et artistes professionnels. Il continue de plaider pour la transversalité artistique et la coopération entre acteurs, opposé au cloisonnement des disciplines.

Sur ce point, Émilie Chalas estime qu'il a failli : « Vous n'avez pas assez essayé de mettre ces acteurs autour de la table. Ils sont unanimes pour le dire : la culture souffre !  Elle est pourtant nécessaire pour l'émancipation des gens, le développement d'une autre vision du monde, la programmation d'une offre de loisirs, l'émergence de talents, la construction de projets professionnels. Tout cela, vous l'avez mis à mal, sans porter de projet de rassemblement. » Olivier Noblecourt, lui, parle de « six années de désillusion dans le champ culturel. Les espoirs liés à l'arrivée d'une nouvelle équipe et au renouvellement de la classe politique ont été sévèrement déçus. Il faut rétablir une ambition culturelle dans cette ville. »

Deux vitesses ?

De nouveau candidat au poste de premier magistrat, Alain Carignon évoque « une rupture dans la continuité des politiques culturelles » et « une ville à deux vitesses ». L'ancien ministre a un projet de simplification et d'accélération des procédures pour contrer ce qu'il appelle « un système municipal hypertrophié ». Pour Raphaël Juy, représentant de la liste "La Commune est à nous", « tout le monde se sent sur le repoussoir, dos au mur. » D'après lui, définir une politique culturelle passe par une étape de concertation : « Commencer par ne rien faire, réfléchir, avoir une discussion entre les acteurs culturels, socioculturels et éducatifs, qu'ils relèvent de la pratique artistique ou de la diffusion, en y associant les gens des quartiers pas assez impactés par les habitudes culturelles. »

Les deux autres candidates, Mireille d'Ornano (extrême-droite) et Catherine Brun (Lutte ouvrière), étaient absentes des débats à l'Ampérage et au Théâtre Prémol le mois dernier. La première dit occuper la tête d'une liste « d'intérêt communal » et place la sécurité comme sa priorité, insistant en outre sur le poids de la dette de la ville. La seconde juge nécessaire de renverser l'ensemble du système capitaliste, son parti indiquant par ailleurs que ses candidats « ne prétendent pas changer les choses à l'échelle d'une commune ».


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