"Le Grand Théâtre d'Oklahama" : une place au soleil


Voilà un spectacle, découvert il y a plus d'un an et demi au Festival d'Avignon, que l'on aurait pu facilement oublier vu sa délicatesse non tape-à-l'œil, qui est pourtant resté inconsciemment gravé en nous. Une création imaginée avec les comédiennes et comédiens handicapés mentaux de la compagnie professionnelle Catalyse (une troupe mise sur pied dans les années 1980 par Madeleine Louarn) baptisée Le Grand Théâtre d'Oklahama et construite autour de l'univers de Franz Kafka. Son titre provient du dernier chapitre de L'Amérique, roman inachevé du Pragois, et plusieurs autres textes de l'auteur ont servi de matériau de base.

Soit un récit comme une sorte de mise en abyme sur le monde du spectacle : sur scène, on suit les aventures d'un homme juif exilé qui s'installe aux États-Unis et rejoint un théâtre qui « emploie tout le monde et met chacun à sa place ». Même si ce lieu ne fait pas forcément rêver (quelle scénographie astucieuse !), il offre un espoir à des personnages cabossés qui en ont besoin… Mais cette bulle tant convoitée ne risque-t-elle pas d'être à l'image de la société dans son ensemble ?

Le Grand Théâtre d'Oklahama est ainsi un projet à plusieurs niveaux de lecture qui, surtout, dégage une poésie et un humanisme bienvenus. On est ravis qu'il tourne encore et qu'un large public puisse le découvrir.

Le Grand Théâtre d'Oklahama
À la MC2 du mardi 24 au jeudi 26 mars


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