Jumbo

De Zoé Wittock (Fr.-Bel-Lux., 1h33) avec Noémie Merlant, Emmanuelle Bercot, Bastien Bouillon…


Jeune fille solitaire encombrée d'une mère exubérante et désinhibée, Jeanne travaille dans un parc d'attractions où son charme farouche ne laisse pas indifférent son jeune responsable. Jeanne va tomber amoureuse, mais d'un manège, Jumbo. Et la passion lui semble réciproque…

Par petites touches discrètes, le cinéma fantastique se régénère en revenant à sa source : avec des histoires partant de la normalité crasse du quotidien, déviant ensuite vers l'anormalité. Cette variation sémantique infime change tout, car elle rend l'ordinaire extra. Après l'enthousiasmant La Dernière Vie de Simon, Jumbo confirme qu'il faut suivre suivre la jeune garde francophone. Voyez ce premier long métrage de Zoé Wittock, où l'héroïne, à la façon d'un personnage introverti de Stephen King, va trouver un épanouissement lumineux dans une dimension intérieure et contraire à la doxa. Bon choix d'ailleurs que la toujours aventureuse Noémie Merlant pour donner corps à cette nouvelle romance interdite — Portrait de la jeune fille en feu, Curiosa ou Le Ciel attendra l'ont préparée aux relations réprouvées !

Dans une ambiance volontiers onirique, la cinéaste montre la passion de Jeanne payée de retour avec moult orgasmes cyber-organiques, écoulements huileux et feux d'artifices forains, métaphores aussi explicites que douces. Que de contrastes lorsque la jeune femme consent à répondre à la cour empressée de son (pourtant pas si méchant) supérieur ! Quelle différence entre l'avidité compulsive de sa mère nymphomane et l'amour fusionnel de Jeanne et Jumbo ! À l'instar de Lynch ou Jonathan Glazer, Zoé Wittock nous fait avaler l'étrange et nous pousse à reconsidérer ce qui ne l'est pas en apparence. Prometteur.


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Filles de joie